C'est désormais officiel : "John Carter" est un flop. Le film de science-fiction basé sur le premier d'une série de romans d'Edgar Rice Burroughs a signé un faible démarrage au box-office américain et n'a pas réussi à se maintenir assez haut pour son deuxième week-end à l'international. Les analystes estiment depuis dix jours déjà à combien s'élèvera le coût pour Disney mais le studio a finalement pris la parole pour annoncer lui-même l'ampleur des dégâts.
Et le chiffre donne un peu le tournis : 200 millions de dollars ! C'est la somme que Disney a prévu de perdre sur le film et que le studio inscrira dans son rapport trimestriel. Il faut dire qu'avec un budget déclaré de 250 millions de dollars, et estimé à au moins 275 millions dans les faits, "John Carter" partait déjà avec un certain handicap. Les nombreuses scènes qui ont dû être retournées et ajoutées au montage ont fait augmenter la note, tandis que les 100 millions dépensés en marketing et publicité ont encore alourdi l'ardoise.
Du coup, c'est tout le studio qui sera dans le rouge pour le premier trimestre de l'année 2012, Disney s'apprêtant à annoncer une perte de 80 à 120 millions de dollars sur l'ensemble de son activité. L'an dernier, à la même époque, le studio était dans le vert avec un résultat opérationnel positif de 77 millions de dollars.
C'est la quatrième année consécutive que Disney se retrouve dans une situation comme celle-ci, perdant de grosses sommes à cause d'un film à gros budget qui ne fonctionne pas autant que prévu. L'an dernier, le film d'animation "Mars Needs Moms" a particulièrement contre-performé, figurant parmi les plus gros flops de l'année et poussant même Disney à changer le titre de "John Carter", qui devait à l'origine s'appeler "John Carter of Mars". L'année d'avant, "Prince of Persia : les sables du temps" était en cause et un an plus tôt, c'est "L'apprenti sorcier" avec Nicolas Cage qui avait causé des soucis au studio.
Evidemment, tout le monde cherche à déterminer qui est responsable de ce flop. Et le fait que Disney collectionne les contre-performances de ce type depuis quatre ans joue en la faveur de Rich Ross, qui n'a pris les commandes du studio qu'il y a deux ans et demi, quand "John Carter" avait déjà été lancé par la direction précédente emmenée par Dick Cook.
Andrew Stanton, le réalisateur, est aussi pointé du doigt pour son inexpérience : lui qui avait une réputation impeccable à Pixar aurait mal géré le film et n'aurait pas su respecter le budget initial. Et MT Carney, qui a quitté Disney il y a trois mois, ne s'en sort pas non plus indemne : c'est lui qui est à l'origine de tout le marketing autour du film, que beaucoup estiment raté. Dans les multiples bandes-annonces, jamais l'accent n'a été mis sur l'histoire d'amour centrale du film, qui aurait pu attirer un public plus féminin, par exemple.
Mais au final, Disney ne vacille pas. Les recettes générées par le studio ne représentent que 16% des recettes du studio - et 7% des bénéfices ! L'action Disney n'a d'ailleurs pas souffert à Wall Street et le studio se montre optimiste quant à l'avenir, avec notamment la sortie du très attendu "Avengers", qui s'annonce comme l'un des succès de l'année.