Les salariés de "L'Humanité" peuvent (un peu) souffler. Selon l'AFP, le tribunal de commerce de Bobigny a décidé ce jeudi de placer le quotidien - qui s'était déclaré en cessation de paiements le mois dernier - en redressement judiciaire avec poursuite d'activité. Cette décision ouvre une période d'observation de six mois, sous la conduite de deux administrateurs judiciaires. Le tribunal a fixé une nouvelle audience au 27 mars prochain.
Le journal fondé par Jean Jaurès en 1904, qui compte 175 salariés (dont 124 journalistes) connaît des difficultés financières depuis de nombreuses années. Un appel aux dons a été lancé en ligne. Dans un billet intitulé "Mobilisation générale pour 'L'Humanité'", le directeur du quotidien communiste, Patrick Le Hyaric, avait décrété une "protection populaire et citoyenne" pour son journal.
Le responsable justifiait de la manière suivante les difficultés chroniques rencontrées : "Nous avons continué de nous heurter au refus de la mise en oeuvre du plan global élaboré sous l'égide de l'État depuis la fin de l'année 2016. Aucune banque n'a voulu à cette heure s'engager à nos côtés. Dès la fin de la période des états généraux de la presse en 2015, un million d'euros ont été retirés à 'L'Humanité' au titre de quotidien à faibles ressources publicitaires quand d'autres y accédaient sans augmentation des budgets du ministère de la Culture et de la Communication".
Pour Patrick Le Hyaric, la survie de "L'Humanité" est aussi une question de pluralisme. "Laisser mourir 'L'Humanité' reviendrait à affaiblir la presse de qualité et à assécher encore plus le débat contradictoire", estimait-t-il dans son billet. Sur son site internet, le quotidien a publié mercredi des témoignages de lecteurs pour montrer leur attachement au titre plus que centenaire. Un meeting de soutien sera d'ailleurs organisé le 22 février prochain à Paris.