
Ils étaient presque passés inaperçus. Jeudi 13 février, "Le Monde" consacrait un long portrait à Louis Sarkozy, 27 ans, revenu en France après avoir longtemps vécu aux États-Unis, et qui collabore en qualité d'éditorialiste auprès de "Valeurs actuelles" et de chroniqueur sur "LCI". Celui qui est décrit comme conservateur et admirateur de Donald Trump lâche alors dans les colonnes de nos confrères : "Si j’étais aux manettes et que l’Algérie arrêtait Boualem Sansal (écrivain franco-algérien arrêté et détenu en Algérie depuis mi-novembre, ndlr), je brûlerais l’ambassade, je stopperais tous les visas, j’augmenterais de 150 % les tarifs douaniers…".
Des propos qui constituent selon SOS Racisme "une incitation explicite à un acte criminel de destruction par incendie", comme l'association l'a écrit et signalé à la procureure de la République de Paris. Dans ce courrier révélé par Beur FM et son journaliste Azzeddine Ahmed-Chaouch, Dominique Sopo, président de SOS Racisme - Touche pas à mon pote écrit : "La tenue de tels propos, largement diffusés, dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, participe à une banalisation inacceptable des appels à la violence". Cette lettre, intitulée "Signalement pour provocation publique à la commission de crimes et délits", invoque l'article 24, alinéa 1, de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. L'association invite la justice à "examiner (la) qualification juridique (de ces propos) et d’engager, le cas échéant, les poursuites appropriées". Avant ce signalement, l'association Union algérienne, avait par la voix de son avocat déjà porté plainte pour incitation à la haine, comme l'avaient révélé nos confrères de Beur FM.

Au micro de la radio, Azzeddine Ahmed-Chaouch avait dénoncé en début de semaine "une acceptation de la part de la journaliste" auteure du portrait de Louis Sarkozy. "'Le Monde' ne met pas en perspective ce qui est dit. Ça tombe comme un élément de portrait classique, or ça semble tomber sous le coup de la loi", poursuit le journaliste, qui regrette également "l'acceptation de la classe politique" et de "la justice" de ces propos.
Louis Sarkozy, qui ne cache plus ses ambitions politiques, vivait depuis 17 ans aux États-Unis et dernièrement dans la "lointaine banlieue de Washington, dans le Maryland, où il vivait avec son épouse, Natali Husic, une Croate fille de diplomate" nous apprend "Le Monde". Chroniqueur en contrat d’exclusivité sur LCI, le fils de Nicolas Sarkozy est présenté sur la chaîne du groupe TF1 "spécialiste de la politique américaine", "depuis que le présentateur vedette de la chaîne, Darius Rochebin, l’a repéré sur le réseau social X", écrivent nos confrères. Le 28 janvier dernier, Louis Sarkozy annonçait sur ce même réseau social rejoindre l'hebdomadaire "Valeurs actuelles" où il signe un billet dans chaque numéro. "Je le fais en tant qu'homme enraciné dans les valeurs de la droite et animé par un désir absolu de liberté. Les mots que vous lirez ici n’auront qu’une seule cause : le triomphe de la France et de l’Occident, œuvres de nos pères", indiquait-il alors.