Coulisses de fabrication. Le 17 août dernier, M6 et la société de production Studio 89 donnaient le coup d'envoi du jeu "Les traîtres". Deux nouveaux épisodes seront diffusés ce mercredi soir dès 21h10 depuis le château de Beauvoir de Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier). Dans ce programme, mêlant manipulations, stratégies et trahisons, 11 candidats dits "loyaux" au départ ont pour mission commune de démasquer trois "traîtres", dans une atmosphère oscillant entre celles des "Dix petits nègres" d'Agatha Christie le jour et de "Harry Potter" la nuit.
C'est ainsi que dès les premiers instants du jeu, lors de la toute première cérémonie de la table ronde, l'arbitre de cette compétition, Eric Antoine, posa sa main sur l'épaule de Vanessa Douillet, femme à la ville de l'ancien judoka David Douillet, également candidat, de l'influenceur Just Riadh et Clémence Castel, double gagnante de "Koh-Lanta". Les trois candidats sont officiellement les traîtres de la partie.
Instantanément, un débat s'est alors ouvert sur les réseaux sociaux. Certains téléspectateurs regrettaient le parti pris de la production consistant à les mettre dans la confidence quant à l'identité des trois traîtres et ruinant de fait le suspense. D'autres twittos, au contraire, validaient le choix de la production qui rendait, à leurs yeux, le programme intelligible.
Pour comprendre la génèse de ce parti-pris, puremedias.com a échangé avec David Warren. Le directeur des programmes M6-Studio 89 a ainsi expliqué que ce choix dans la scénarisation de l'émission reposait sur plusieurs éléments. "Le premier ? C'est que 'Les traîtres' est l'adaptation d'un format existant. Dès lors que l'on achète un format, il y a toujours une mécanique à respecter et dans ce format-là, les traîtres étaient connus dès le départ. C'est un choix des ayants-droit, au même titre que l'épreuve des cercueils", assure le producteur.
Un choix qu'il assume. "J'ai trouvé ce choix-là hyper pertinent. Contrairement au format 'Qui est la taupe ?' (diffusé sur M6 à l'été 2015, ndlr), dans lequel personne ne connaissait l'identité de la taupe ; dans 'Les traîtres', le téléspectateur a un pas d'avance. Il a un pas d'avance sur les traîtres mais aussi sur les loyaux, ce qui lui permet d'analyser de manière psychologique comment les candidats vont avoir des pistes, se tromper ou réussir à déceler qui sont les traîtres. Le téléspectateur joue ainsi d'une manière plus intelligente et plus divertissante. Il peut se projeter sur les candidats et se demander si, eux aussi, ils auraient deviné ou non qui sont les traîtres".
Au-delà de ce postulat de départ, David Warren insiste aussi sur l'expérience sociale qui découle du programme. "Comment à un moment donné, quelqu'un se comporte quand il est dans une communauté où il ne peut faire confiance à personne. Est-ce-que c'est vivable de vivre entouré de traîtres, de ne faire confiance à personne pendant six jours ? Sur quoi je m'appuie pour essayer de déceler si oui ou non, je vais pouvoir me livrer, me confier à quelqu'un...", s'interroge le producteur, qui renforcerait volontiers encore la dimension psychologique dans le jeu et les épreuves si saison 2 il y a. Le jeu est en effet ponctué d'épreuves permettant à la fois aux candidats de glaner des lingots d'argent pour une association et de se protéger du bannissement par les traîtres grâce à une amulette d'immunité. "Il y en a encore sous le talon pour surprendre", conclut David Warren.
Côté audiences, les indicateurs donnent pour l'heure tout lieu de penser qu'une saison 2 est envisageable. La première émission a été suivie d'après Médiamétrie, par une moyenne de 2,44 millions de téléspectateurs, soit 15,1% du public âgé de quatre ans et plus. Sur la cible commerciale des Femmes responsables des achats de moins de 50 ans (FRDA-50), le programme a détrôné un record vieux de 21 ans, en réunissant 38,3% de cette catégorie si chère aux yeux des chaînes privées.