La classe politique réagit. Depuis vendredi dernier, plusieurs témoignages ont été publiés sur les réseaux sociaux relatant des faits de harcèlement commis par des internautes populaires sur Twitter et remontant à la fin des années 2000. Ces utilisateurs proviennent notamment d'un groupe Facebook baptisé "Ligue du Lol", dans lequel se retrouvaient une trentaine de personnes, dont des journalistes connus du web, des publicitaires et des communicants.
Il est reproché à ces personnes d'avoir organisé il y a une dizaine d'années des campagnes de cyberharcèlement, généralement contre des femmes, afin de les humilier et de les discréditer. Ce groupe avait été créé sur Facebook en 2009 par Vincent Glad, ancien chroniqueur du "Grand journal" et actuel journaliste à "Libération". Si ces actes ont pris fin en 2012, l'affaire est ressortie ce week-end après une passe d'armes entre plusieurs journalistes sur cette fameuse "Ligue du Lol" sur Twitter. "Libération" a alors été l'un des premiers médias à évoquer samedi cette affaire, amenant ensuite de nombreuses victimes à témoigner sur les réseaux sociaux.
Face à ces nombreux témoignages, la plupart des personnes accusées de cyberharcèlement ont présenté leurs excuses. "Nous nous moquions de tout le monde, autant de femmes que d'hommes, et c'est pour cela que je n'ai pas vu, jusqu'à lire les témoignages aujourd'hui, le côté profondément machiste de notre démarche", a écrit Vincent Glad sur Twitter, ajoutant : "Je ne sais pas si cela est audible mais je présente mes plus sincères excuses aux personnes harcelées par la 'Ligue du Lol'. Ce qui s'est passé n'est pas tolérable". Journaliste à "Libération", Alexandre Hervaud s'est excusé hier soir : "C'était vraiment pas malin et ça ne se reproduira plus."
Membre pendant deux ans de la "Ligue du Lol", un désormais ex-rédacteur en chef web aux "Inrocks", confie avoir "vu que certaines personnes étaient régulièrement prises pour cible" mais qu'il ne "devinait pas l'ampleur et les traumas subis". "J'étais lâche et trop heureux de compter parmi cette bande que la twittosphère admirait, pour intervenir", poursuit-il dans un texte sur Twitter, avouant avoir réalisé "deux canulars téléphoniques" dont celui "raconté courageusement" par la journaliste Florence Porcel : "Je me faisais passer pour un recruteur de la télé. Je mesure aujourd'hui la dégeulasserie de ces actes et je n'ai pas d'excuses pour cela."
Face à cette polémique, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a apporté hier sur Twitter tout "son soutien et sa solidarité aux blogueuses et journalistes qui ont eu à subir le harcèlement sexiste" de la "Ligue du Lol" : "Ce n'est pas internet qui est impitoyable, c'est ce qu'on en fait". Elle a d'ailleurs précisé qu'elle allait discuter avec Nicole Belloubet, ministre de la Justice, d'un "allongement des délais de prescription" concernant le cyberharcèlement.
Invité hier soir sur BFMTV, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'Etat chargé du numérique, a dénoncé les actes de la "Ligue du Lol" : "Les témoignages sont d'une violence absolue. Cette 'Ligue du Lol', c'est l'histoire de losers, de mecs entre eux, qui ont cru qu'ils étaient les rois de l'internet et qui dans un groupe privé se sont dit qu'ils pouvaient peut-être insulter et se moquer du reste de l'internet, notamment les femmes et les homosexuels". "Il y a des gens qui disent que ce qui se passait dans ce groupe se traduisait dans la vraie vie. 'Nous, on a été les victimes de ces insultes'. Aujourd'hui, malheureusement, beaucoup de ces faits sont prescrits", a poursuivi le membre du gouvernement. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.