"Love", le dernier film de Gaspar Noé n'en finit pas de faire parler de lui. D'abord présenté à Cannes en mai dernier, il avait fait déjà fait couler beaucoup d'encre en raison de son contenu explicite. Scènes de sexe non simulées, plans à trois, échangisme, le long-métrage en 3D entend montrer, à travers des flashbacks, la sexualité débridée d'un couple.
La commission de classification du CNC avait décidé d'attribuer au film une interdiction aux moins de 16 ans, mais Fleur Pellerin était intervenue pour demander à l'organisme de réétudier le dossier, la ministre envisageant alors une interdiction aux mineurs. Cependant, malgré la polémique et la demande de la rue de Valois, lors de sa sortie nationale, le 15 juillet dernier, "Love" n'a été interdit qu'aux moins de 16 ans. Une décision qui vient toutefois d'être cassée par le tribunal administratif de Paris.
Hier, et alors que "Love" n'est plus projeté que dans une vingtaine de salles, le tribunal administratif de Paris a suspendu le visa d'exploitation du long-métrage, et ce "tant qu'il n'interdit pas la représentation du film aux mineurs de 18 ans", mais uniquement aux moins de 16 ans. A l'origine de ce revirement de situation, la plainte de l'association chrétienne "Promouvoir", qui déclare militer pour "la promotion des valeurs judéo-chrétiennes dans tous les domaines de la vie sociale". Cette dernière est déjà à l'origine de la reclassification quatre ans après sa sortie de "Saw 3D" et avait également déposé un recours contre le premier visa du film "Nymphomaniac - vol 1" de Lars von Trier.
Cette décision de dernière minute a fait bondir Vincent Maraval, distributeur de "Love", qui avait déjà pris à partie la ministre de la Culture. A l'époque, le producteur lui avait reproché son indifférence vis-à-vis de "l'accès libre et sans restriction du porno-hard où la femme n'est qu'un bout de viande sur Internet", mais de souhaiter dans le même temps une interdiction pour "Love".
Et c'est sur Twitter qu'il s'est encore indigné, défendant à nouveau le dernier-né du réalisateur du déjà très controversé "Irréversible". "En France, aimer est désormais interdit aux moins de 18 ans" a-t-il publié en reprenant les codes visuels de l'affiche du film, confirmant ainsi l'interdiction aux mineurs en vigueur depuis hier. Il a ensuite fustigé l'ingérence de "Promouvoir", présidé par Patrice André, juriste conservateur et soutien de la Manif pour Tous.
Sollicité par les membres du réseau social, le producteur a affirmé que la décision appartenait désormais au Conseil d'Etat. "On devrait en savoir plus sur la France très bientôt" a-t-il conclu.