Touche pas à ma prière. Ce mardi 21 novembre, dans sa chronique matinale "Le fin mot de l'info", sur Europe 1, le philosophe Raphaël Enthoven s'était livré à une analyse de la nouvelle traduction française du "Notre Père", célèbre prière catholique, marquée par la disparition du verbe "soumettre". Un "événement considérable" selon Raphaël Enthoven qui y décelait un signe d'islamophobie. Sur Twitter, le père Pierre-Hervé Grosjean, prêtre du diocèse de Versailles, avait jugé qu'il était "dangereux et irresponsable d'accuser avec légèreté tous les chrétiens d'islamophobie".
Depuis, la chronique de Raphaël Enthoven a fait couler beaucoup d'encre, notamment parmi des responsables catholiques, choqués par les propos du philosophe. Ce matin, ayant pris conscience de sa maladresse, Raphaël Enthoven a tenu à consacrer l'intégralité de sa chronique à un mea culpa. "Que les auditeurs d'Europe 1 me pardonnent de commenter mon travail, je ne le fais que pour en dire du mal" a-t-il débuté avant d'admettre que sa chronique de mardi n'était "pas bonne", "mauvaise" et "surtout, malhonnête".
"Vous vous êtes dit que vous aviez tort ?" l'interroge Patrick Cohen. "J'en sais rien. J'aurais pu dire n'importe quoi, d'ailleurs je l'ai fait !" réagit le philosophe. "La question n'est pas de savoir si ce que j'ai dit est vrai ou faux mais ce que je raconte permet ou empêche le débat. Or, la méthode que j'ai employée mardi dernier fait clairement obstacle au débat" poursuit-il ensuite. "Je n'ai rien démontré. J'ai juste partagé une intuition, une pauvre opinion, aux auditeurs d'Europe 1. Ce qui n'a aucun intérêt" déplore le chroniqueur.
"En présumant que c'est par islamophobie que le texte du "Notre Père" a été purgé du verbe 'soumettre', je mettais ceux que j'en accusais dans la situation tout à fait impossible d'avoir à dire que ce n'était pas le cas sans pouvoir en apporter la preuve" ajoute ensuite Raphaël Enthoven. "Une parole indémontrable, comme l'était la mienne, est une parole infalsifiable. Et ça, c'est impardonnable. Ce qui est impardonnable, c'est d'avoir produit du soupçon au lieu de le dissiper. Or la vocation même du "fin mot de l'info", c'est le contraire" admet-il également.
"L'objet de mes chroniques n'est pas de balancer mes opinions en les enrobant d'un concept - je crois qu'on s'en fout - mais d'inviter les uns et les autres - et moi le premier - à penser contre eux-mêmes et non à se défendre d'une accusation tellement arbitraire qu'elle n'offre aucune prise aux arguments" ajoute le philosophe, arguant que "l'ennemi commun" n'est pas le catholicisme, l'islam ou la laïcité mais "le procès d'intention". "Bref, je retire bien volontiers l'accusation d'islamophobie" ajoute le chroniqueur, admettant que son inculture en matière d'éxegèse est "encyclopédique". "Je présente mes excuses plates aux gens de bonne volonté qui prient du fond du coeur et ne connaissent pas la haine" conclue finalement le philosophe. puremedias.com vous propose de découvrir la séquence.