Sur le site des éditions Le Robert, sa date de sortie est toujours fixée au 29 septembre prochain. Pourtant, selon les informations du "Monde", la parution du livre "Le fin mot de l'Histoire de France en 200 expressions décapantes", co-signé par la metteuse en scène Nathalie Gendrot et par l'humoriste Guillaume Meurice, est suspendue. En cause, des passages du livre qui seraient susceptibles d'entraîner des poursuites judiciaires comme l'a expliqué mardi soir Charles Bimbenet, directeur des éditions Le Robert, à Guillaume Meurice. Cette nouveauté littéraire promettait d'expliquer "des expressions savoureuses héritées de l'histoire de France qu'on emploie tous les jours sans savoir d'où elles viennent".
La maison d'édition est une propriété du groupe Editis, filiale de Vivendi, dont le premier actionnaire est Vincent Bolloré. Et justement, parmi les passages litigieux relevés par la maison d'édition, l'un d'entre eux concerne l'industriel breton, cité dans la définition de l'expression "Faire long feu", avec cette explication humoristique : "Expression remplacée aujourd'hui par : révéler sur Canal+ les malversations de Vincent Bolloré". L'alerte avait été donnée début août par Charles Bimbenet sur l'emploi des mots "Bolloré" et "Louboutin" et Guillaume Meurice avait refusé de céder.
Et l'humoriste de France Inter pensait donc l'affaire close jusqu'à ce que Charles Bimbinet ne revienne sur le sujet mardi dernier par téléphone pour justifier la suspension de son livre. Il a précisé à cette occasion que cinq passages supplémentaires posaient problème tels "De la chair à canon" qui dresse un parallèle avec un livreur Deliveroo. La direction de la communication des éditions Le Robert, citée par "Le Monde", évoque le risque de tomber sous le coup de "la diffamation, de l'injure et de la calomnie".
Joint par puremedias.com cet après-midi, Guillaume Meurice confie ne pas avoir encore eu son livre entre les mains et ne même pas savoir s'il a été imprimé ou non. "Ce sont six mois de boulot qui sont foutus en l'air. On est un peu remontés", dit le professionnel de l'humour en faisant référence à sa co-autrice, Nathalie Gendrot. De là à affirmer que les sept passages mis en cause par l'éditeur ne sont qu'un moyen de noyer le poisson et que le seul problème du livre est sa référence à Vincent Bolloré, il n'y a qu'un pas... que Guillaume Meurice franchit allègrement : "Le signal envoyé c'est quand même qu'il y a un mec qui peut décider d'interdire la sortie d'un livre".
"Le fin mot de l'Histoire de France en 200 expressions décapantes" devait être le premier livre de Guillaume Meurice publié par les éditions Le Robert. "Et le dernier !", s'amuse le pilier de France Inter. "Ce sont eux qui sont venus me chercher !", précise-t-il. Il estime ne pas avoir pris son éditeur en traître puisqu'il a déjà plaisanté par le passé à plusieurs reprises à la radio sur Vincent Bolloré.
Désormais, l'auteur éconduit se réserve le droit de donner des suites judiciaires à cette non-parution. "Il y a clairement une rupture de contrat. Tout avait été validé, avec un BAT (bon à tirer, étape finale avant l'impression d'un livre, ndlr), etc", justifie Guillaume Meurice, qui avoue avoir appris seulement ces derniers mois que les éditions Le Robert dépendent de Vincent Bolloré. "Bolloré est habitué aux procédures. D'habitude, c'est lui qui attaque. Là, on va voir comment il se défend...", conclut-il. Il se refuse pour l'heure à publier une vidéo sur le sujet. "Je n'ai pas prévu de me faire passer pour un martyr de la liberté d'expression", assure l'humoriste.
Pour rappel, si Editis est encore à l'heure actuelle entre les mains de Vincent Bolloré, son groupe Vivendi a annoncé fin juillet étudier un projet de cession de sa filiale pour pouvoir prendre le contrôle de Hachette, propriété du groupe Lagardère et premier éditeur français, dont il est aussi le principal actionnaire. Il éviterait ainsi les problèmes de concentration dans le secteur de l'édition. Un projet soumis à l'approbation de la Commission européenne.