Il y a une vie au-delà du périphérique parisien ! Ce soir à 21h, M6 s'installe dans la ville fictive de Joilleux avec trois épisodes de "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?". Cette nouvelle série française suit Romain Corneaux, psychologue incarné par Lorànt Deutsch, qui convainc sa femme Anna (Magali Miniac), comédienne et enceinte de leur premier enfant, de quitter la capitale pour s'installer dans une petite ville des Yvelines. La série traite à la fois des affres de la vie de couple et des sacrifices que chacun doit consentir, mais aussi de la vie en communauté, loin d'être un long fleuve tranquille.
Sur le papier, "Qu'est-ce-qu'on attend pour être heureux ?", produit par Elephant, a tous les ingrédients pour réussir : la créatrice de la série de France 2 "Fais pas ci, fais pas ça", Anne Giafferi, une adaptation de la comédie suédoise à succès "Solsidan" (cinq saisons et un film au compteur) et tout le capital sympathie de Lorànt Deutsch. Dans les faits, cette mini-série de six épisodes, que M6 a décidé d'écouler en deux soirées seulement, souffre de plusieurs handicaps.
Premier constat : ici on parle cash, quitte à être vulgaire. Que ce soit dans les situations ou les dialogues proposés par Anne Giafferi, la série ne fait pas dans la demi-mesure. D'un personnage qui s'inquiète d'une grosseur au niveau de l'anus à une scène de toucher rectal réalisé entre deux sièges d'une voiture, en passant par les marques que le temps laisse sur les parties intimes du héros et de son meilleur ami, rien ne nous est épargné. "Les couilles se mettent à pendre plus bas que la bite", se lamente ainsi l'un des personnages principaux. Amis de la poésie, passez votre chemin.
Et ce manque de finesse se retrouve dans la psychologie des personnages, souvent caricaturale. Le couple de nouveaux riches formé par Frédéric et Séverine Maurin veut forcément en mettre plein la vue à tout le monde, les parisiens sont forcément des bobos déconnectés de la réalité, le gardien d'une cité HLM a forcément un fils en prison... "Si on veut se moquer d'eux, il faut qu'ils soient un peu caricaturaux. Des gens comme ça, il y en a et ce ne sont pas forcément des gens qu'on montre dans les séries parce qu'on aime bien montrer des gens un peu plus lisses", se défend Anne Giafferi, interrogée par puremedias.com. Elle revendique une série "concernante".
Autre point faible, le manque de rythme qui touche plus particulièrement les deux premiers épisodes. La série originale suédoise est composée d'épisodes de 26 minutes. Les épisodes de l'adaptation française durent deux fois plus longtemps et ça se ressent. Heureusement, dès le troisième épisode, "Qu'est-ce-qu'on attend pour être heureux ?" trouve sa vitesse de croisière malgré une réalisation paresseuse.
Si la nouvelle série de M6 dispose de ressorts comiques efficaces, elle en abandonne malheureusement une partie en cours de route. La mère de Romain est exilée dans une ville voisine ; la profession de psychologue du héros est survolée avec seulement deux-trois consultations au programme, et le voisin naturiste envahissant du couple Corneaux, interprété par Jackie Berroyer, finit par disparaître de la circulation. Dommage, car l'un des points forts de la fiction vient justement de ses personnages secondaires.
Outre Jackie Berroyer, Raymond Domenech fait une apparition assez juste dans son propre rôle et François Morel excelle dans la peau du beau-père dépressif de Romain, le temps d'un épisode. La bonne surprise de la série reste le comédien Sébastien Castro, présent dans l'ensemble des six épisodes, impeccable dans le rôle de Daniel Poirot, l'ami sans gêne et radin du héros. Tout n'est donc pas à jeter dans cette nouvelle fiction, loin s'en faut. Car en plus de ces personnages, et malgré les maladresses évoquées, certaines répliques et certaines situations font mouche.
"Mon destin est entre les mains du public", confiait récemment Lorànt Deutsch à puremedias.com à propos d'une éventuelle saison 2. "Il y a le potentiel pour faire plusieurs saisons, comme nous l'avons fait pour 'Fais pas ci, fais pas ça'. Etant donné que la série porte sur les petits tracas du quotidien, il y a toujours quelque chose à raconter", confirme Anne Giafferi.
Mais la comparaison avec la série de France 2 n'est pas à l'avantage de cette nouvelle petite soeur. Si la scénariste assure que "c'est quelque chose de positif d'avoir une filiation comme celle-ci", les personnages de M6 n'ont pas le même potentiel comique que leurs homologues du service public. Une faiblesse qui sera peut-être corrigée dans la saison 2, qui devrait voir le jour si les audiences sont au rendez-vous.