Un invité qui a fait réagir. Jeudi soir, France 2 proposait un numéro spécial de son émission politique "Vous avez la parole", présentée par Léa Salamé et Thomas Sotto, pour revenir sur le mouvement de grève contre la réforme des retraites qui frappe le pays depuis plus d'un mois maintenant. Pour créer le débat et les faire réagir face à des syndicalistes et à des membres du gouvernement, la chaîne avait convié sur son plateau cinq Français : "une conductrice de bus, un restaurateur, une directrice d'école, un couvreur zingueur et une mère de famille", comme annoncé par le communiqué de presse
Problème, Didier Désert, présenté par Thomas Sotto comme un "restaurateur dans le IIIe arrondissement à Paris", est également l'époux de Florence Berthout, maire du Ve arrondissement, ex-élue Les Républicains qui a rallié Benjamin Grivaux de La République en marche pour le prochain scrutin municipal dans la capitale. Une précision qui n'a pas été immédiatement donnée à l'antenne, ce qui n'a pas manqué de susciter l'étonnement de certains téléspectateurs sur les réseaux sociaux. Lesquels ont pu entendre, au cours des plus de 2h30 d'émission, Didier Désert se déclarer favorable à la réforme des retraites et se questionner sur "la capacité de quelques-uns à bloquer tout le monde". Il a également jugé "irresponsable" de lancer une telle réforme "en plein mouvement des Gilets jaunes". Au final, pour lui, les torts sont partagés entre le gouvernement et les grévistes.
Il a fallu attendre la toute fin de "Vous avez la parole" pour que son lien avec Florence Berthout soit évoqué à l'antenne. "Petite précision, vous êtes le mari de Florence Berthout, c'est bien ça ? Parce qu'on ne l'a pas dit... C'est la maire du Ve arrondissement de Paris, ex-LR qui a rallié Benjamin Griveaux. Juste pour être complet, ça agite beaucoup les réseaux sociaux donc on le dit", a résumé Léa Salamé tandis que Didier Désert, agacé, a tenu à répondre à son tour.
"J'espère que les réseaux sociaux pourront admettre qu'à notre époque, un mari et une femme puissent ne pas forcément partager les mêmes convictions. Je pense que vous pouvez me comprendre", a-t-il lancé à l'adresse de Léa Salamé. "J'espère aussi", a réagi la journaliste qui, au printemps 2019, avait choisi de se mettre en retrait de la matinale de France Inter et de l'émission politique de France 2 après la candidature de son compagnon Raphaël Glucksmann aux élections européennes.
Jointe par la rédaction de puremedias.com, la direction de l'information de France Télévisions plaide la bonne foi et en profite pour rappeler la manière dont elle sélectionne ses témoins pour ce genre d'émission. "Il s'agissait pour nous de construire un plateau équilibré avec des citoyens favorables et opposés à la réforme et d'avoir des profils représentatifs des catégories socio-professionnelles engagées ou impactées par le mouvement", explique-t-on dans le groupe audiovisuel public.
S'agissant du cas de Didier Désert, l'homme avait été repéré à l'occasion d'un sujet consacré aux restaurateurs à la veille de la Saint-Sylvestre, diffusé le 29 décembre dernier dans le "20 Heures" de France 2 présenté par Thomas Sotto. "Une fois qu'on a présélectionné des profils qui nous semblent intéressants, un entretien préalable assez approfondi est organisé par téléphone. On pose énormément de questions, notamment pour savoir s'ils ont un mandat politique ou s'ils sont membres d'un parti ou d'un syndicat. Des points qu'on vérifie pour eux, mais pas pour les membres de leur famille. L'intéressé n'a pas juge utile de nous préciser l'activité politique de sa femme", indique France Télévisions. Ainsi, Didier Désert a été choisi pour sa facilité à s'exprimer et par le fort impact qu'a eue la grève sur son activité de restaurateur, avec un chiffre d'affaire divisé par deux.
La direction de l'information juge donc aujourd'hui que le fait qu'une élue partage sa vie n'est pas de nature à amoindrir la force et l'authenticité de son discours. Mais hier soir, face au début de polémique sur les réseaux sociaux, l'équipe de "Vous avez la parole" a tenu à réagir en plateau. "C'est une précision qu'on voulait apporter en cours d'émission. Mais il fallait aussi qu'on le fasse au bon moment pour que ce soit intelligible pour les téléspectateurs qui ne sont pas tous branchés sur Twitter. On aurait pu choisir de ne le préciser que sur les réseaux sociaux, on a choisi de le préciser à l'antenne dans un souci de transparence. Le sujet de la confiance avec notre public est un sujet central. Après, ce n'est qu'un petit élément d'une émission qui a été difficile à construire, dans des délais assez courts, dans un contexte politique et social tendu. Ce sujet-là ne doit pas résumer à lui seul l'émission d'hier soir", estime-on chez France Télévisions. puremedias.com vous propose de revoir les explications de Léa Salamé diffusées jeudi soir.