Elle fait une pause. Alors que son compagnon Raphaël Glucksmann déclare ce vendredi matin au journal "Le Monde" qu'il mènera une liste aux prochaines élections européennes avec son mouvement Place publique, Léa Salamé se retire provisoirement de la matinale de France Inter. Ceci pour "éviter tout soupçon de conflit d'intérêts", indique la station publique.
Selon nos informations, Léa Salamé sera remplacée par Alexandra Bensaïd, son joker habituel, qui co-animera la matinale avec Nicolas Demorand et assurera l'interview de 7h50 pendant son absence. Léa Salamé sera de retour dès le 27 mai prochain, au lendemain du scrutin européen. Sur Twitter, la patronne de la station, Laurence Bloch, a salué "le courage de Léa Salamé, qui quittera provisoirement l'antenne de France Inter pour préserver l'intégrité de son métier de journaliste le temps de la campagne électorale. C'est à une femme qu'on doit ce principe de précaution élémentaire et je m'en réjouis".
Cette décision va également s'appliquer à "L'Emission politique" sur France 2. Léa Salamé conservera cependant la présentation de l'émission culturelle "Stupéfiant", qu'elle incarne tous les lundis soirs sur la deuxième chaîne, et pour la troisième saison consécutive. On ne connaît pas encore le nom de la personne qui devrait la remplacer provisoirement à la tête de "L'Emission politique" sur France 2, même si Thomas Sotto, qui co-présente l'émission avec elle cette saison, est bien placé.
Hier soir encore, les deux journalistes présentaient un nouveau numéro de ce rendez-vous politique dans lequel ils recevaient la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Cette grande interview a été suivie en moyenne par 1,65 million de téléspectateurs, soit 8,6% du public selon Médiamétrie, permettant à la chaîne de se positionner deuxième des audiences de la soirée.
Dans une interview accordée à puremedias.com fin 2018, Léa Salamé avait confié ne pas avoir eu la confirmation qu'elle serait intégrée au processus des soirées électorales européennes de la chaîne du service public. "Honnêtement, ce n'est pas tranché et c'est un choix de la direction. Cette décision ne m'appartient pas. France 2 compte de nombreuses incarnations légitimes", avait-elle estimé.
Sur les réseaux sociaux, alors que l'information de ce retrait circulait depuis la veille, des voix se sont élevées pour estimer injuste que la carrière d'une femme puisse pâtir, ne serait-ce que temporairement, des choix politiques de son compagnon. Ainsi la journaliste Audrey Pulvar a-t-elle tweeté à ce sujet : "En 2019, en France, on continue de reprocher à une femme les opinions politiques de son compagnon. Nous, pauvres petites choses si influençables, incapables de discernement ? Cette mise à l'écart de Léa Salamé est injuste et injustifiée".
A la rentrée dernière cependant, après la nomination de son épouse Roxana Maracineanu comme ministre des sports, le journaliste Franck Ballanger s'était mis en retrait du service des sports de Radio France pour éviter tout conflit d'intérêt. Le principal intéressé a d'ailleurs cité le tweet d'Audrey Pulvar en lui répondant ironiquement : "C'est la même chose pour les hommes". Raphaël Glucksmann s'était quant à lui retiré de l'émission de débats de France Inter "Le grand face-à-face", fin 2018, pour se consacrer à son mouvement.