Coup de colère. Mercredi, à l'Assemblée nationale, au cours d'une réunion de la commission des lois, la présidente Yaël Braun-Pivet a regretté les prises de parole intempestives dans les médias des deux rapporteurs de la mission d'information concernant l'amende forfaitaire délictuelle pour l'usage de stupéfiants, Robin Reda (Les Républicains) et Éric Poulliat (La République En Marche). "Vraisemblablement, le rapport d'information a été communiqué aux médias avant même d'être communiqué aux commissaires qui siègent dans cette commission", a-t-elle regretté, alors qu'elle avait rappelé à l'ordre les deux députés à ce sujet au début du mois.
"Au-delà de ma personne, qui somme toute n'a que peu d'importance, je trouve que ça n'est pas courtois vis-à-vis de vos collègues à qui, je pense, il aurait fallu réserver la primeur de vos travaux et non pas au 'Parisien', à BFM, à LCI", a-t-elle affirmé avant de citer un point du règlement sur la publicité des travaux des missions d'information, qui doit être autorisée par la commission. "Je vous remercie de vous en souvenir et de ne pas réitérer ce genre d'actes", a prévenu la présidente. Enfin, Yaël Braun-Pivet a expliqué que son agacement a atteint un pic lorsqu'elle a reçu un SMS d'un média lui demandant de "suspendre la commission des lois pour que l'un des deux rapporteurs puisse aller en plateau. Je trouve ça particulièrement scandaleux et je tenais à vous le dire".
L'un des deux députés mis en cause, Robin Reda, a fait part de son indignation. "Merci pour ces rappels au règlement quasi-maternels à notre endroit...", a-t-il débuté. "J'adore vos réflexions fort misogynes, M. Reda", s'est offusquée la présidente de la commission des lois. Et Robin Reda de continuer à s'enfoncer : "Non, je dis ça parce que vous pourriez être ma mère". Il a reproché avec ironie à Yaël Braun-Pivet d'avoir instillé par ses propos "une ambiance fort courtoise". "On se serait à deux doigts de vous proposer un petit peu de stupéfiants pour vous apaiser...", a-t-il ajouté, ce à quoi la présidente, qui n'avait visiblement pas entendu cette dernière réflexion, a répliqué qu'il était le seul responsable de la situation.
"Le placement à l'ordre du jour très tardif de ce rapport, le placement dans un contexte médiatique assez chargé, ne porte pas à croire l'attention que vous portez d'une part à ce rapport, d'autre part l'attention que le gouvernement souhaite que les médias portent à ce rapport...", a poursuivi Robin Reda sur le même ton de reproche, allant jusqu'à regretter l'heure tardive à laquelle se tenait la commission. La présidente de la commission des lois a jugé son comportement "extrêmement déloyal". "Une date avait été fixée en décembre et elle avait été repoussée à votre demande", a-t-elle tenu à rappeler, avant que les échanges ne se poursuivent.
Les propos du député ont provoqué un tollé médiatique en quelques heures. Ce jeudi matin, Robin Reda a fait son mea culpa sur son compte Twitter. "Chère Yaël Braun-Pivet, ce propos excessif n'est ni dans mon habitude ni dans mon ADN politique Je m'en excuse sincèrement avec l'espoir d'en revenir rapidement au débat de fond". puremedias.com vous propose de découvrir cet échange musclé.