A tous les fans d'économie et de médias, ne ratez pas ce soir "Le monde en face", à 20h35 sur France 5. L'émission, présentée par Carole Gaessler, est consacrée à la guerre de la TNT, avec deux documentaires inédits de 52 minutes réalisés par Bertrand Delais. Lutte de pouvoirs, échec de la stratégie de TF1, obstination du CSA, lobbying des chaînes privées : comment la TNT a-t-elle vu le jour en France et pour quelles raisons a-t-elle réussi à s'imposer ? Tous les grands dirigeants de l'audiovisuel public et privé ont accepté de répondre aux questions du journaliste : Nonce Paolini, actuel patron de TF1, Etienne Mougeotte, ex-patron de la Une, Marc Tessier et Patrick de Carolis, ex-patrons de France Télévisions, Bertrand Méheut, PDG du groupe Canal + ou encore Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6. Ils racontent comment le chantier de la TNT, porté à l'époque par Dominique Baudis, président du CSA, a bouleversé leur business.
Alors que l'extinction totale et définitive de l'analogique arrive à grands pas (elle est programmée à la fin du mois) et que six nouvelles chaînes arriveront en 2012, ces deux documentaires illustrent cet incroyable bouleversement du PAF qui a mis un terme à l'hégémonie de TF1. On revit ainsi la provocation avec laquelle Patrick Le Lay, ex-patron de la Une, a mené ses auditions devant le CSA. Son objectif ? Etouffer la TNT dans l'oeuf. Mais malgré un intense lobbying politique et médiatique savamment orchestré, il n'y parviendra pas. Et ne daignera même pas présenter un dossier pour offrir aux téléspectateurs sa chaîne LCI en gratuit. Mais une fois lancée, plus les Français s'équipent en adaptateurs TNT, plus l'audience des "autres chaînes" progresse. Au point de sérieusement entamé le gâteau publicitaire et l'assiette d'audience de la Une. Cette défiance des patrons de TF1 à l'égard de la TNT lui coûteront leur poste. Et malgré le rachat de NT1 et la prise de contrôle de TMC aujourd'hui, la Une paye encore ses erreurs du passé.
La bataille industrielle a aussi été une bataille politique. La Une a notamment perdu celle-ci, précisément quand la gauche gagne les élections législatives de 1997. Lionel Jospin, qui n'est pas vraiment dans les petits papiers de la Une, verra dans la TNT une formidable manière de renforcer le service public tout en affaiblissant les chaînes privées et la suprématie de TF1. Didier Matthus, député PS, ne s'en cache pas dans le documentaire : "Nous voulions offrir du choix au public. Mais on voyait bien qu'en offrant du choix, c'était desservir les intérêts de TF1. Et cela ne nous faisait pas vraiment de peine". La victoire de Jacques Chirac en 2002 et l'arrivée d'un nouveau ministre de la culture changeront quelque peu la donne. La suppresion de la publicité sur le service public voulue par Nicolas Sarkozy consolera en partie la Une.
La deuxième partie du documentaire s'attache à démontrer comment, malgré la volonté de diversité du CSA, le PAF risque de se recentrer autour de ses acteurs historiques. Le marché publicitaire n'étant pas extensible, les nouveaux entrants sur ce marché n'ont pas les reins assez solides, le rachat par Canal + de Direct 8 et Direct Star en est la parfaire illustration. Et ce n'est qu'un début. Combien de temps les NRJ 12 et BFM TV pourront survivre sans s'adosser à un grand groupe ? puremedias.com vous propose plusieurs extraits de ces deux documentaires diffusés ce soir.