Le journal maintient ses informations. Dans son édito de mercredi dans "Le Monde", Luc Bronner révèle que sa journaliste Ariane Chemin est convoquée le 29 mai prochain par la Direction Générale de la Sécurité Intérieure dans le cadre d'une enquête liée aux articles sur les affaires Benalla. Il y a un an, la reporter avait révélé au grand jour les agissements d'Alexandre Benalla, alors collaborateur d'Emmanuel Macron, lors des manifestations du 1er mai. Après le fort écho de cette affaire tout l'été, Ariane Chemin avait écrit d'autres articles liées à l'ancien collaborateur de l'Elysée.
Selon le directeur de la rédaction du "Monde", cette enquête ouverte par les policiers de la section des atteintes au secret de la défense nationale de la DGSI vise notamment les informations révélées sur le profil d'un sous-officier de l'armée de l'air, Chokri Wakrim, compagnon de l'ex-chef de la sécurité de Matignon. D'après les informations du "Monde", celui-ci était lié par un contrat de protection rapprochée avec un homme d'affaires russe. Cette révélation a conduit à l'ouverture d'une enquête pour "corruption".
"Nous maintenons évidemment nos informations et exprimons notre inquiétude sur cette convocation : l'intérêt public suppose de pouvoir enquêter sur les entourages et les liens entretenus par des collaborateurs de l'Elysée ou de Matignon, quels que soient leurs parcours antérieurs", écrit Luc Bronner dans son édito. Et d'ajouter : "Cette convocation, sous le statut d'une audition libre, est d'autant plus préoccupante qu'elle suit une procédure similaire, utilisée très récemment à l'entre d'autres journalistes à l'origine de révélations d'intérêt public sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen."
En effet, le 14 mai dernier, deux journalistes du site d'investigation "Disclose" ont été convoqués par la DGSI pour avoir révélé des documents "confidentiel défense" sur l'utilisation d'armes françaises au Yémen. Geoffrey Livolsi et Mathias Destal ont été convoqués "à titre personnel et sous le régime de l'audition libre par la DGSI" à la suite de la publication mi-avril d'une enquête baptisée "Made in France". "Avant d'exercer leur droit au silence", les journalistes ont dénoncé une "tentative d'intimidation" et "ont déclaré qu'ils avaient agi dans l'exercice de leur mission d'information du public, contribuant ainsi à un débat d'intérêt général majeur sur les exportations d'armes", selon des propos rapportés par l'AFP.