Guerre justice/gendarmerie. Hier matin, le procureur de Grenoble Jean-Yves Coquillat a annoncé à l'AFP l'ouverture d'une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction dans l'affaire Maëlys dont il a la charge. Dans sa ligne de mire : les nombreuses fuites dans la presse concernant l'avancée de l'enquête sur la disparition le 28 août dernier de cette fillette de 9 ans.
"Je suis excédé de voir tous les jours dans la presse tous les détails de l'enquête, y compris ceux que le parquet ne connaît pas, des choses qui n'ont pas à être connues", a déclaré Jean-Yves Coquillat, très remonté. Le procureur de Grenoble a ouvertement soupçonné la gendarmerie d'être à l'origine de ces fuites. "Ces fuites sont au niveau local et parisien, au niveau de la direction de la gendarmerie, de la section de recherches et de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale", a ainsi déclaré le magistrat.
Ce dernier a d'ailleurs décidé de confier l'enquête pour violation du secret de l'instruction à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à la direction interrégionale de la police judiciaire de Lyon (DIPJ), et non pas à l'inspection générale de la gendarmerie nationale. Si les auteurs de ces fuites sont "identifiés, il y aura des sanctions", a par ailleurs prévenu Jean-Yves Coquillat.
Ces accusations ont fait bondir le général Richard Lizurey, le patron de la gendarmerie nationale. "Je juge scandaleuses ces accusations péremptoires de la part d'un magistrat", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je ne peux accepter qu'on accuse injustement les personnels de la gendarmerie dont la dévotion dans cette affaire est entière et totale. C'est une injustice flagrante faite à ces gendarmes", a-t-il ajouté au "Parisien".
"Je ne disconviens pas de la légitimité du procureur de mener toutes les investigations utiles qu'il juge nécessaires. En revanche, il n'est pas légitime d'accuser des services de gendarmerie sans preuve avant même le début de toute investigation. On foule là la présomption d'innocence aux pieds. Cela me semble navrant et on doit d'abord justice à la famille de cette enfant", a estimé le général Richard Lizurey. Et ce dernier de conclure : "Les enquêteurs, jusqu'à preuve du contraire, n'ont pas commis de faute".