Un même sujet, deux conclusions différentes. Aujourd'hui "Vanity Fair" et "Médiapart" ont tous deux publié un article portant sur l'authenticité d'un document censé prouver le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par le régime déchu de Mouammar Khadafi. Rappelons que c'est "Médiapart" qui avait divulgué pour la première fois en mars 2012 ce document écrit en arabe et signé par Moussa Koussa, alors chef des services de renseignements extérieurs libyens. Son authenticité avait ensuite été contestée par Nicolas Sarkozy et certains de ses proches mais aussi par d'anciens dignitaires du régime libyen dont les noms figuraient sur le document.
C'est "Vanity Fair" qui a le premier remis le sujet sur la table. Le mensuel de Michel Denisot a ainsi publié sur son site un article sur le sujet : "Sarkozy-Kadhafi : le document libyen de 'Mediapart' qui accuse l'ex-président pourrait bien être un faux". Signé Hervé Gattegno, le papier s'appuie sur un compte-rendu d'audition par les juges français de Moussa Koussa, ancien ministre et ex-directeur des services secrets extérieurs du régime libyen, dont la signature figure sur le document litigieux.
"Ce n'est pas ma signature, ce document est falsifié", aurait déclaré aux juges français l'ancien dignitaire libyen. Le journaliste de "Vanity Fair" conclut ainsi que "les derniers éléments recueillis par les juges d'instruction parisiens (...) renforcent le soupçon d'une falsification". Hervé Gattegno tient aussi à souligner dans son article que "tous les protagonistes dont les noms figurent sur le document publié par 'Mediapart' y ont opposé un démenti".
L'article du journaliste de "Vanity Fair" n'a pas plu à "Médiapart". Aujourd'hui, le journal d'investigation a décidé de contre-attaquer en publiant un papier censé réaffirmer la fiabilité du document publié dans ses colonnes en 2012. Signé Fabrice Arfi, l'article de "Médiapart" affirme au contraire que les derniers développements de l'enquête française accréditent l'authenticité du document libyen.
"Médiapart" cite notamment un "rapport de synthèse de gendarmerie" du 7 juillet dernier affirmant : "De l'avis unanime des personnes consultées, le document publié par Mediapart présente toutes les caractéristiques de forme des pièces produites par le gouvernement libyen de l'époque, au vu de la typologie, de la datation et du style employé. De plus, le fonctionnement institutionnel libyen que suggère le document n'est pas manifestement irréaliste".
Tout comme le journaliste de "Vanity Fair", le journal cite aussi la même audition de Moussa Koussa par les juges français. Si "Médiapart" reprend la même phrase du dignitaire libyen ("Ce n'est pas moi qui ai signé"), le journal préfère insister sur une autre déclaration du même Moussa Koussa lors de son audition : "Le contenu n'est pas faux, mais la signature est fausse". S'appuyant aussi sur d'autres éléments, "Médiapart" parvient ainsi à la fin de son papier à une conclusion radicalement différente de celle de "Vanity Fair".
Le journal d'Edwy Plenel n'a en tout cas pas apprécié le travail d'Hevé Gattegno. Fabrice Arfi l'a ainsi fait savoir via une série de tweets publiés avant et après la publication de son propre article.
Affaire libyenne : Mediapart va publier les preuves des mensonges et des manipulations de @VanityFairFR ce matin.
- Fabrice Arfi (@fabricearfi) 26 Septembre 2014
Sarkozy-Kadhafi : j'ai honte pour @VanityFairFR de les voir manipuler des PV de la sorte. La vérité des faits : http://t.co/L70jcjeb30
- Fabrice Arfi (@fabricearfi) 26 Septembre 2014
Mise à jour 17h13 : Cet après-midi, "Vanity Fair" a décidé de répondre à "Médiapart" dans un long article publié sur son site internet, maintenant ses informations.