C'est ce qui s'appelle se heurter à un mur. Hier soir, Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel étaient invités dans "Quotidien", sur TMC, pour la promotion du film "Eva", de Benoît Jacquot, un thriller psychologique qui sortira en salles le 7 mars prochain. Et c'est devenu une habitude depuis les révélations de l'affaire Weinstein, à chaque fois qu'une actrice est invitée, elle est interrogée sur le sujet. Isabelle Huppert n'y a pas échappé mais a fait preuve d'un certain détachement, déstabilisée par les questions de Yann Barthès.
L'animateur a commencé par évoquer la Berlinale. "C'est le premier grand festival depuis l'affaire Weinstein et le patron du festival a indiqué qu'il a exclu de la sélection pas mal de films de réalisateurs, acteurs ou personnes de production qui étaient l'objet d'accusation d'abus sexuels. Est-ce-que vous trouvez ça bien ?", s'est demandé Yann Barthès. Surprise, Isabelle Huppert est seulement parvenue à balbutier un "Sans doute, oui", avant d'avouer : "Vous me prenez de court !".
La question suivante de Yann Barthès a eu le mérite d'être plus directe. "Est-ce-qu'on peut être un grand cinéaste et un grand pervers ?", s'est interrogé l'animateur de TMC. "Qu'est-ce que ça veut dire un grand pervers ?", a réagi Isabelle Huppert, après un petit blanc. "Je ne sais pas, qu'est-ce que ça veut dire pour vous ?", a aussitôt questionné le présentateur en renvoyant la balle. "Mais vous pensez à qui en disant ça ?", a rebondi à son tour Gaspard Ulliel. "J'ai personne en tête !", a ri un Yann Barthès gêné. Isabelle Huppert a enfin répondu en estimant, laconique : "On peut être un grand cinéaste et un grand pervers, oui. Mais tous les grands cinéastes ne sont pas des grands pervers".
"Comment on joue les pervers d'ailleurs ?", a insisté l'ex-animateur du "Petit Journal", avant de poser quelques secondes plus tard une question dans le même registre : "Comment on joue le Mal ?". "En ne pensant pas qu'on joue le Mal !", a répondu en toute simplicité Isabelle Huppert. "Je ne suis pas acteur, j'essaie de savoir, c'est pour ça que je vous pose des questions", s'est justifié Yann Barthès.
Il a tenté une dernière question délicate. "Vous avez dit cet été, je crois, que vous adoreriez faire un film avec Woody Allen...", évoquant ainsi le réalisateur américain accusé de viols par sa fille adoptive. "Moi, j'ai dit... ?", s'est étonnée Isabelle Huppert. "Dans un monde idéal, oui", a-t-elle précisé. "Il n'est pas idéal, ce monde ?", a questionné un Yann Barthès candide. "Il semblerait que non. Vous avez remarqué qu'il n'était pas idéal...", lui a rétorqué l'actrice. "Oh non...", a soupiré l'animateur pour mettre un terme à cette conversation.
Dans "Madame Figaro", paru ce vendredi, Isabelle Huppert s'est montrée plus prolixe sur l'affaire Weinstein. "Réunissez deux hommes et une femme ensemble. La complicité masculine prendra toujours le dessus. La femme se sentira toujours un peu exclue, devra toujours lutter pour sa place, car les femmes font peur aux hommes", a jugé l'actrice. puremedias.com vous propose de revoir l'interview diffusée dans "Quotidien", à partir de 7'24.