Une séquence ne relevant pas de sa compétence. Aujourd'hui, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a publié une décision concernant un vif échange entre les essayistes Rokhaya Diallo et Pascal Bruckner dans "28 minutes" sur Arte. Peu habituée aux passes d'armes, l'émission d'Elisabeth Quin avait invité en octobre 2020 les deux essayistes pour débattre de la culpabilité de l'homme blanc.
L'échange avait rapidement dérivé sur la question des attentats de "Charlie Hebdo", Pascal Bruckner reprochant à Rokhaya Diallo ses sorties contre le journal satirique avant l'attentat de janvier 2015. Il avait notamment accusé son interlocutrice d'avoir "poussé à la haine contre 'Charlie Hebdo'" et même "armé le bras des tueurs". Rokhaya Diallo avait rétorqué qu'elle avait "usé de (sa) liberté d'expression". "Je n'ai absolument aucune responsabilité dans aucun attentat terroriste. (...) Je trouve ça très grave ce que vous faites, c'est vous qui incitez à la haine", avait affirmé la fondatrice des Indivisibles. "Je n'incite pas à la haine, je vous mets en face de vos paroles. Et ces paroles ont entraîné des meurtres", avait maintenu Pascal Bruckner.
Cette séquence tendue avait été signalée au CSA qui vient de publier sa décision dans ce dossier sur son site. Refusant de se prononcer sur le fond, le régulateur a rappelé qu'Arte ne relevait pas de sa compétence. Régie par un traité signé le 2 octobre 1990 par la France et l'Allemagne, la chaîne culturelle européenne est en effet pilotée par les deux actionnaires, Arte France et Arte Deutschland, qui détiennent chacun 50% de la société éditrice baptisée Arte GEIE. Selon le CSA sur son site, Arte ne relève donc pas de la "compétence des autorités de régulation françaises ou allemandes, mais du contrôle de ses sociétaires".