RMC est aux anges. Sur la dernière vague d'audiences, la station "info talk sport" enregistre une hausse de 127.000 auditeurs sur un an (et 203.000 sur une vague) pour atteindre son record historique. Pour la première fois de son histoire, RMC se retrouve au même niveau qu'Europe 1. En PDA, RMC bat même sa rivale à 6,8% contre 6,6% pour la station de la rue François Ier. puremedias.com analyse ces résultats avec Alain Weill, propriétaire de RMC, et Frank Lanoux, patron des programmes de RMC, qui s'apprête à céder les rênes à Cécilia Ragueneau dans les semaines à venir.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Vous signez votre record historique sur cette vague. Vous êtes aux anges ?
Alain Weill : Nous sommes très heureux parce qu'on bat un certain nombre de records et surtout, parce que nous passons devant Europe 1 en part d'audience. Nous n'allons pas bouder notre plaisir. Nous savons ce que cela représente depuis que nous avons repris RMC. C'était quelque chose d'inimaginable il y a quelques années même si c'était un objectif que l'on s'était fixé il y a quinze ans. Nous sentions les choses venir. Il y a deux-trois ans, nous étions devant Europe 1 sur les moins de cinquante ans. On savait que cela allait arriver. En part d'audience, on est même devant NRJ. Ce n'est pas une mince affaire non plus car elle fait partie des radios qui sont régulièrement à la première place. C'est vrai qu'on parle beaucoup de la part d'audience aujourd'hui mais c'est surtout important pour nous d'un point de vue commercial. Ca veut dire quelque chose concernant les moyens que l'on va pouvoir investir dans RMC, une radio très innovante dans la convergence avec la télévision. C'est toute cette dynamique qui est consacrée avec ce bon sondage.
Vous ne parvenez cependant pas à dépasser Europe 1 en audience cumulée. C'est rageant ?
Alain Weill : Non. Il n'y a que du positif !
Frank Lanoux : Personne n'aurait parié cela il y a encore quelques années. Que RMC et Europe 1 soient à égalité était inimaginable !
Pensez-vous pouvoir les doubler définitivement à la prochaine vague ?
Alain Weill : Il n'y a pas de raison que nous ne continuions pas à progresser. Je ne sais pas si ce sera lors de la prochaine vague ou celle d'après. Ce qui compte, ce sont les fondamentaux. Le média radio va continuer à bouger avec cette convergence que nous avons mise en place et qui porte ses fruits. Il y a les excellents résultats de RMC mais Jean-Jacques Bourdin est aussi avec RMC Découverte la deuxième chaîne d'info de France, derrière BFMTV mais devant iTELE. "Les Grandes Gueules", désormais diffusé sur Numéro 23, sont aussi un grand succès.
Alain Weill, passer devant Europe 1 était l'un de vos objectifs lors de votre rachat de RMC en 2001. Ressentez-vous un sentiment d'accomplissement ?
Alain Weill : Non, parce que je ne vois pas les choses comme cela. L'accomplissement est plus d'avoir pu construire un groupe audiovisuel solide. Aujourd'hui, c'est une joie car c'est un symbole qui tombe. Avec Frank, nous sommes des enfants de la radio. Quand j'étais enfant, j'écoutais Europe 1 et j'assistais à des émissions d'Europe 1. J'ai fait des stages à Europe 1 dans ma jeunesse. C'était un modèle et c'est aussi ce qui m'a donné envie de travailler à la radio. Quand j'ai repris RMC, je me suis dit que si un jour on arrivait à doubler Europe 1, ce serait fantastique. Aujourd'hui, avec Frank, on l'a fait. On est comblé.
La matinale de Jean-Jacques Bourdin progresse nettement sur cette vague. Est-ce le couronnement des ajustements apportés à son émission cette saison ?
Frank Lanoux : A l'évidence, on construit avec la télévision, le digital et la radio, un cercle vertueux. Aujourd'hui, tous ces médias se produisent en même temps. Les gens ont le choix de consommer ce qu'ils veulent quand ils veulent et avec le moyen qu'ils souhaitent. C'est ça qui est un déclencheur d'audience. On est au plus haut en radio. Ca fait 10 ans qu'on fait l'interview politique de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV. Ca n'a en rien rogné l'audience de la radio. Ca fait trois ans qu'on fait la matinale de Jean-Jacques sur RMC Découverte, et là aussi, ça augmente. Les audiences ne se vampirisent donc pas mais se construisent parallèlement.
Alain Weill : C'est la consécration de la persévérance. Toute antenne est régulièrement confrontée à des difficultés, à des coups d'accélérateur ou de frein. Certains ont des mouvements brutaux et ont tendance à tout remettre en cause quand cela survient. Nous, nous avons des constantes, des valeurs sûres. On sait que Jean-Jacques Bourdin ou le duo Marschall-Truchot sont des valeurs sûres. On ajuste et on précise mais c'est cette stabilité globale depuis 16 ans qui est la marque de fabrique de RMC. En radio, l'auditeur est très attaché à la constance.
Pensez-vous que c'est justement cette stabilité qui manque à Europe 1 actuellement ?
Alain Weill : Moi, je n'aime pas commenter les difficultés de mes concurrents. Chacun a ses problèmes. Je n'ai pas la prétention de savoir ce que doit faire Europe 1. Et si je le savais, je ne le dirais pas d'ailleurs ! Notre plaisir est de nous réjouir de nos bons résultats et non pas des difficultés de nos concurrents.
Roselyne Bachelot est en baisse sur une vague et sur un an. Est-ce que la greffe a du mal à prendre ?
Frank Lanoux : Non, c'est le contraire. Quand vous construisez une émission, vous partez de zéro. Elle a déjà plus de 400.000 auditeurs. Elle est à une heure qui n'est pas la plus visible à la radio. Ca se construit. Moi, je vous donne rendez-vous en avril avec des chiffres qui seront en progression.
Alain Weill : Il faut être prudent sur une vague sur une émission seule. Je dis souvent qu'une nouvelle émission, c'est le 14 juillet qu'on sait si c'est bon ou pas. Roselyne est parfaite pour le format. Il y a des réglages à faire mais nous n'allons faire que progresser. D'expérience, je sais qu'il ne faut pas s'enflammer pour une vague au milieu de l'année, qu'elle soit à la hausse ou à la baisse. Il faut avoir une conviction, une oreille, et continuer à travailler. Mais Roselyne, nous, on le sent bien ! Elle a trouvé sa place. Sa relation à l'auditeur est naturelle. Elle est à l'aise avec la radio et les équipes. La greffe a pris !
Le média radio est au plus bas sur une vague novembre/décembre. Est-ce que c'est parti pour durer selon vous ?
Alain Weill : On ne voit pas ça avec RTL, franceinfo ou nous. Et puis de toute façon, quoiqu'il arrive au média radio, nous, nous sommes un média radio-télé. On est donc serein par rapport à ça. Si les gens se mettent davantage à la télé le matin, ce n'est pas un problème car nous sommes très présents à la télé avec quatre antennes.