3/5 Troisième jour de la grande "semaine de la fiction française" de puremedias.com, organisée en marge du festival de la fiction TV de La Rochelle. Après Anne Viau de TF1 lundi et Fabrice de la Patellière pour Canal+ hier, c'est au tour d'Anne Holmes, directrice de la fiction nationale de France Télévisions, de faire aujourd'hui le point avec puremedias.com sur la saison écoulée et les projets de son groupe cette saison. A la tête d'un budget de près de 270 millions d'euros, Anne Holmes a la main sur l'un des piliers de France Télévisions : la création de fictions françaises sur France 2 et France 3. Rencontre.
Semaine de la fiction française sur puremedias.com : Tout au long de la semaine, retrouvez dans nos colonnes des entretiens exclusifs avec les responsables de la fiction française de TF1, France Télévisions, Canal+, M6 et Arte.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
Quel bilan général faites-vous de la saison dernière en matière de fictions ?
Anne Holmes : Le bilan est quand même très bon, voire même exceptionnel. Il y a eu beaucoup de nouveautés, de succès et de diversité. Nous avons tout d'abord su renouveler nos fictions. Je pense par exemple aux lancements réussis d'"Alexandra Ehle" sur France 3 ou de "L'art du crime" sur France 2. Nous avons aussi osé de véritables prises de risque comme "Speakerine" sur France 2, une vraie fiction de service public en costumes, que vous ne voyez pas sur d'autres chaînes. Nous avons par ailleurs su fidéliser sur nos marques pérennes comme "Chérif" (France 2), "Candice Renoir" (France 2) ou encore "Meurtres à..." (France 3). Difficile aussi de ne pas parler de "Capitaine Marleau" sur France 3, où nous sommes passés du succès au triomphe, avec un record à près de 8 millions de téléspectateurs (en audience consolidée, ndlr). Il y a certes eu quelques arrêts de séries ou des performances un peu inférieures à nos attentes, mais nous avons globalement progressé. Nous avons même été en mesure de bousculer certains des mastodontes de la concurrence, avec "Candice Renoir" sur France 2 qui a battu "Koh-Lanta", ou "Les mystères de l'île" sur France 3 qui a battu "The Voice". Cela prouve une appétence du public pour la fiction française. Je note enfin une forte augmentation de nos replays, avec en moyenne 570.000 téléspectateurs en plus pour nos fictions, ce qui bat d'ailleurs en brèche l'idée selon laquelle nous aurions un public exclusivement âgé.
La différence entre les fictions de France 2 et celles de France 3 est-elle désormais clairement établie selon vous ?
Oui, elle sera d'autant plus établie que certaines fictions de France 3, ce qu'on appelle les "fictions du réel", vont basculer sur France 2 prochainement. Le but est justement d'avoir une offre encore plus claire qu'auparavant. Ces "fictions du réel", suivies d'un débat, comme "Marion, 13 ans pour toujours", "La consolation", "Le viol", ne seront prochainement plus diffusées sur France 3 le mardi soir, mais sur France 2 le mercredi soir. "Illettré", fiction sur l'illettrisme, sera ainsi la dernière fiction de ce genre à être diffusée sur France 3.
Pourquoi ce changement ?
France 2 étant la chaîne de la société et France 3 celle du patrimoine, il était logique de basculer ces fictions sur la Deux. Cette clarification des cases est aussi l'un des buts de la nouvelle organisation transverse mise en place à France Télévisions actuellement. Il va ainsi y avoir des transferts de stocks de France 3 vers France 2. Par exemple, "Les Impatientes", fiction sur les prisons pour femmes, a été produite par France 3 mais va être diffusée sur France 2 mercredi 26 septembre. Comme d'habitude, cet unitaire sera suivi d'un débat d'actualité préparé par la rédaction et d'un documentaire.
"La saison 4 de 'Dix pour cent' est déjà en écriture"
Pouvez-vous nous rappeler les différentes cases de fictions françaises des deux chaînes et leur identité respective ?
Le mardi soir sur France 3, nous avons une case familiale, plutôt légère, de comédie autour du vivre ensemble, qui fonctionne très bien. C'est la case de "Capitaine Marleau", de "La stagiaire" avec Michèle Bernier ou encore de "Tandem" avec Astrid Veillon. Le mercredi sur France 2, il s'agit d'une case plus sociétale, qui se veut le reflet du monde contemporain. Elle est et sera accompagnée régulièrement de débats, les fameuses soirées continues. Sur France 2 le vendredi, nous proposons du polar urbain en format 52 minutes, qui explore le tréfonds de l'âme humaine. Sur France 3 le samedi, nous offrons cette fois du polar régional, un genre ayant fait ses preuves depuis deux saisons.
En tout, vous aurez donc quatre cases de prime dédiées à la fiction française cette saison, France 2 et France 3 confondues ?
Oui, plus deux demi-cases supplémentaires, avec une offre de créations françaises plus atypiques, en alternance avec des coproductions internationales et du cinéma. Le jeudi sur France 3 reste la case des fictions exigeantes, internationales mais aussi françaises. Vous y verrez ainsi prochainement "Aux Animaux la guerre", avec Roschdy Zem et Olivia Bonamy. Le lundi soir sur France 2, sera également une case avec des productions internationales et françaises. C'est celle où on a pu voir l'année dernière "Zone blanche" saison 1, série dont la saison 2 arrivera prochainement à l'antenne. L'exposition des fictions françaises sur les antennes de France Télévisions va donc être augmentée.
Rentrons dans le détail chaîne par chaîne en commençant par France 2. Quel sort pour "Candice Renoir", l'un de vos cartons de la saison précédente ?
Oui, la saison signe un excellent bilan, marqué par un très fort attachement des téléspectateurs à la série. La saison 7 est en cours.
Le fait qu'elle soit produite par Newen, filiale de TF1, ne pose pas de problème ?
Non, la question ne s'est pas posée.
La saison 3 de "Dix pour cent" va arriver. Que pouvez-vous nous en raconter ? Une saison 4 est-elle déjà dans les cartons ?
Oui, la saison 3 sera ludique et gaie. Nous commencerons avec Jean Dujardin en guest dans le premier épisode. Monica Bellucci interviendra dans le deuxième épisode. La saison 4 est déjà en écriture.
"La série 'Speakerine' ne reviendra pas pour une saison 2"
"Caïn", série policière à succès de France 2 reviendra pour une saison 7 mais avec un changement majeur : celui de l'acteur principal. Julien Baumgartner remplacera ainsi Bruno Debrandt. Incarnera-t-il le même personnage ou un nouveau ?
Oui, il incarnera strictement le même personnage.
Ce changement de l'acteur principal est-il un risque pour la série ?
Il y a toujours une petite prise de risque quand on change un comédien. Ceci dit, Bruno Debrandt nous a annoncé suffisamment tôt son départ pour qu'on puisse réagir et gérer l'écriture au mieux. Ca a l'air de très bien se passer.
La série "Speakerine" reviendra-t-elle pour une saison 2 ?
Non, mais on aimerait bien avoir quelque chose dans la même tonalité. Je pense que "Speakerine" était écrit pour une seule saison. La deuxième saison n'était en plus pas commandée en écriture, ce qui aurait impliqué d'attendre longtemps avant de pouvoir la tourner. Je pense qu'une série de la même veine, en costumes, avec un regard un peu rétro sur cette période, aurait en tout cas tout à fait sa place sur France 2. Mais je ne l'ai pas encore trouvée...
Diffusée actuellement, "Alex Hugo" cartonne toujours autant. Une saison 5 est-elle au programme ?
Ca, pour cartonner, il cartonne ! (Rires) Oui, trois épisodes sont en production pour 2019. Je trouve que la série se bonifie d'année en année.
Parlons maintenant des "Petits meurtres...". Samuel Labarthe a annoncé récemment que cela se terminait pour lui en fin de saison. Vous confirmez ?
Personnellement, je ne suis pas au fait de cela. De mon côté, tous mes "Petits meurtres..." sont en train d'être tournés normalement. Je n'ai pas de signal d'alerte de mon côté.
Tournés avec lui donc ?
Oui. Je n'ai pas de signal d'alerte, comme je vous le disais.
"Je suis à la recherche de notre nouveau 'Fais pas ci, fais pas ça'."
Très tournées vers le policier, est-ce que les fictions de France 2 ne manquent pas de comédies familiales ? Etes-vous à la recherche de votre nouveau "Fais pas ci, fais pas ça" ?
Evidemment ! Le problème, c'est que c'est très compliqué de faire une comédie familiale. Pour "Fais pas ci, fais pas ça", il y a eu une alchimie formidable entre les scénaristes, les comédiens, le moment où cela a été mis à l'antenne. Je rappelle au passage qu'initialement, "Fais pas ci, fais pas ça" était composé d'épisodes au format "26 minutes" diffusés le samedi à 18h, et que ça avait fait un flop d'audience. Et puis, ils l'ont transformé en 52 minutes pour du prime et ça a cartonné !
Pour revenir à votre question, c'est un genre très difficile à écrire. La plupart du temps, les comédies familiales qui ne sont pas feuilletonnantes, sont globalement du sitcom et en format "26 minutes". Or, en prime, on ne diffuse pas de formats de 26 minutes. Lorsqu'on étire les projets en 52 minutes, ils ont souvent du mal à tenir le choc car les enjeux narratifs d'une comédie familiale - moins forts que pour un polar par exemple - sont souvent trop faibles pour tenir la distance. C'est donc sans doute le plus dur à faire en télévision. Mais évidemment, ça fait partie de nos recherches. Et le jour où quelqu'un aura trouvé cette comédie, il aura trouvé le graal !
Faire un téléfilm évènementiel autour de "Fais pas ci", comme les acteurs ont l'air disposé à le faire, ça vous tente ?
Je n'ai pas vu Elephant (la société de production de la série, ndlr) à ce sujet. Tout dépendrait du texte. Dans l'absolu, retrouver cette troupe, ça me plairait. Mais je n'ai pas pour l'heure de projet.
Quelles fictions ne reviendront pas sur France 2 ?
"Lebowitz contre Lebowitz".
Pourquoi ? Sans être un carton, elle fonctionnait à peu près sur France 2 ?
Nous ne faisons pas que regarder les audiences pour prendre ce genre de décision. Nous regardons aussi la note qualitative du programme, la structure d'audience du programme, et ce que la série apporte. Avec "Lebowitz" par exemple, nous étions dans un non-genre. C'était une sorte de comédie rigolote dans un contexte de bureau, mais en traitant de cas durs. Ce mélange des genres déstabilisait un peu nos téléspectateurs. J'ai eu le même problème sur "On va s'aimer, un peu beaucoup...", la série traitant des divorces, mais où on est aussi dans la farce. La série ne devrait pas non plus revenir après la saison 2, qui a été livrée et est prête à être diffusée. Et puis, nous devons aussi faire de la place pour accueillir de nouvelles séries.
Quelles autres séries ne reviendront pas ?
"Ben" avec Barbara Schulz et "Le chalet" ne reviendront pas.
"On ne peut pas 'débiter du Marleau' à la chaîne"
A propos du "Chalet", allez-vous retenter ce genre dit du "slasher", c'est à dire ces intrigues dans lesquelles les personnages sont tués un par un.
Je ne suis pas sûr. On est surtout en train de s'essayer à d'autres genres. On est en train de tourner une série Fantastique par exemple, avec "La dernière vague", à Biarritz.
Avez-vous encore en stock des épisodes de la série "Lannester" avec Richard Berry ?
Non, nous avons diffusé le dernier récemment.
Pourquoi l'avoir arrêtée alors que les épisodes marchent plutôt bien côté audiences ?
"Lannester" est une intrigue compliquée à tenir sur le long terme. Il s'agit d'une fiction de 90 minutes sur un flic qui est aveugle et qui retrouve la vue. Après, il la reperd. Mais on ne peut pas jouer avec ce ressort narratif éternellement. C'est exactement le même problème que l'on a avec les séries sur des amnésiques ou des gens dans le coma. Ce sont des enjeux très puissants au début, très séduisants sur le papier, mais qui sont très compliqués à faire durer dans la longueur.
Passons à France 3 et commençons par "Capitaine Marleau". Pourquoi ne parvenez-vous pas à produire de manière plus industrielle la série "Capitaine Marleau" dont les inédits se font rares ?
La série reviendra avec deux inédits et deux rediffusions, comme d'habitude. La marque de fabrique de "Capitaine Marleau" est de mettre Corinne Masiero face à un partenaire de premier choix comme Muriel Robin, Gérard Depardieu ou encore Sandrine Bonnaire. C'est déjà une contrainte en soi. A celle-là s'ajoute le fait que Corinne Masiero ne veut pas faire que du "Capitaine Marleau", ce qui est tout à fait normal. Enfin, c'est très difficile à écrire comme série. Pardonnez-moi l'expression mais on ne peut pas "débiter du 'Marleau' à la chaîne". Chaque film est comme un unitaire, avec un nouvel univers, un texte adapté à la personnalité qui accompagnera "Marleau". Il faut enfin continuer de créer l'évènement autour de cette série, en ne baissant pas en qualité et en ne la programmant pas trop souvent. J'y fais attention.
"Magellan" et "Mongeville" reviendront également ?
Oui, on a encore fait une très bonne série de rediffusions cet été. Les cross-over ont toujours cartonné. Cela a d'ailleurs inspiré la concurrence (TF1, qui a proposé la saison dernière un cross-over entre "Joséphine..." et "Camping Paradis", ndlr). Mais on préfère de toute façon être imité plutôt que décrié (sourire). On réfléchit, pour les années qui viennent, à trouver de nouveaux héros récurrents pour les suppléer. Je dis bien "suppléer", pas pour les arrêter, j'y tiens ! Il faut que nous pensions au renouvellement des marques, ne serait-ce que pour se préparer au cas où l'un des acteurs principaux de "Mongeville" ou "Magellan" voudrait arrêter par exemple.
"'La forêt' ne reviendra pas sur France 3"
"La forêt", ça continue sur France 3 ?
"La forêt" était écrite pour une saison. J'ai trouvé ce projet remarquable. Cela nous a permis de surprendre le téléspectateur sur France 3, et de montrer que la chaîne ne ronronne pas en matière de fictions. Mais l'intrigue est bouclée, et la série ne reviendra donc pas.
Vous voulez surprendre sur France 3 ?
Oui, surprendre sur France 3 et innover sur France 2.
D'autres fictions s'arrêtent-elles sur France 3 ?
Vu leur succès, non.
Evoquons "Noces rouges". Pourquoi diffuser votre saga d'été à la fin de l'été ?
La fin de l'été, c'est toujours l'été (sourire). On a dû penser qu'il y aurait beaucoup plus de monde devant la télé au retour des vacances qu'au milieu de l'été. Plus globalement, renouer avec la saga de l'été, pleinement d'été, est un de mes projets.
Un crossover entre "Un si grand soleil" et "Plus belle la vie" est-il envisageable ?
Pas pour l'heure. Il faut attendre que le feuilleton de France 2 s'installe. Après, tout est envisageable et on s'autorise tout.
"Un si grand soleil" a-t-il vocation à remplacer à terme "Plus belle la vie" ?
Non, pas du tout. C'est une offre complémentaire. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on a adopté deux écritures différentes pour les deux fictions.
Un prime "Un si grand soleil" est-il envisageable ?
C'est trop tôt pour le dire.
Certains disent que le nouveau feuilleton quotidien de France 2 va peser lourdement sur le budget création, pénalisant ainsi les projets plus audacieux...
Pas du tout. Vous pouvez le constater vous-même puisqu'autant de fictions ont été produites cette année. Les chiffres sont publics et disponibles au CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée, ndlr). Pour être clair, le feuilleton n'impacte pas les fictions de prime. Ces feuilletons sont même une chance pour le service public car ils nous permettent de découvrir de nouveaux réalisateurs, de nouveaux auteurs et acteurs. Autant de personne à qui nous pourrons potentiellement faire appel pour le prime time ensuite.
Le budget de la création de France Télé sera bien sacralisé malgré les économies qui s'annoncent ?
Oui, je le confirme.
Une semaine après sa diffusion sur France 2, on retrouvait la série "Le chalet" sur Netflix. Est-ce que ce genre de choses n'arriveront plus à l'avenir, dans le sillage de la création de la plateforme "Salto" ?
On essaye de faire en sorte que cela n'arrive plus. Après, Netflix est riche...
Votre département fiction sera le premier contributeur de la plateforme chez France Télévisions ?
Normalement oui.
"J'ai commandé, pour l'anniversaire de sa mort, une nouvelle fiction sur De Gaulle"
Quelles nouveautés allez-vous présenter à La Rochelle ?
Deux nouvelles séries sur France 2: "Kepler(s)", un flic joué par Marc Lavoine, qui est un peu schizophrène, plongé dans la jungle de Calais. La série sera très noire mais très nouvelle, tant sur le fond que sur la forme. Il y aura une patte Schoendoerffer (Frédéric Schoendoerffer, le réalisateur de la série, ndlr). Nous aurons aussi "Philharmonia", un 6x52 minutes, toujours sur France 2, autour du personnage d'une chef d'orchestre avec Tomer Sisley, Marie-Sophie Ferdane ou encore Jacques Weber. Sur France 2, il y aura aussi "À l'intérieur", un thriller en 6x52 minutes sur un meurtre en hôpital psychiatrique avec Béatrice Dalle. N'oublions pas "Les rivières pourpres", magnifique adaptation télévisée du roman de Jean-Christophe Grangé, avec Olivier Marchal. Sur France 3, on proposera notamment "Au-delà des apparence", adaptation d'un format québécois sur la relation entre deux soeurs, avec Helena Noguerra.
Vous tournez aussi un unitaire avec Josée Dayan, non ?
Oui, vous faites référence à "La recluse" sur France 2 ! C'est un 2x90 minutes en tournage, réalisé par Josée Dayan, avec Corinne Maseiro, Sylvie Testud, et Jean-Hugues Anglade. C'est l'adaptation du dernier roman de Fred Vargas.
La fiction historique est-elle aussi à l'ordre du jour ?
Outre mon projet proche de "Speakerine" que je recherche, je crois savoir, bien que ce ne soit pas mon domaine, qu'il y a des projets de co-production internationale. Il y a notamment un "Molière" qui va arriver, la fiction documentée "Victor Hugo", ainsi qu'un "Leonard de Vinci". Personnellement, j'ai commandé pour l'anniversaire de sa mort, une nouvelle fiction sur De Gaulle.
"Les succès et les échecs des autres chaînes nous aident à réfléchir"
Avez-vous d'autres nouveautés à annoncer ?
Le vendredi sur France 2, nous renouvelons nos marques de polars. Nous lancerons notamment "Le Système D", une flic qui parle avec son ami imaginaire. Pour France 3, nous avons aussi lancé "Soupçons", un nouveau thriller passionnel avec Julie Gayet et Bruno Debrandt. Côté "fictions du réel", le mercredi sur France 2, outre celles déjà évoquées, nous en aurons une une sur le déni de grossesse tournée avec Alix Poisson et Bruno Solo, une sur l'inceste et la pédophilie avec Odile Vuillemin, une sur la légitime défense avec Thierry Neuvic. Ca va être une marque de fabrique, une fois par mois, avec un débat diffusé à la suite.
On ne va pas souvent se marrer le mercredi soir sur France 2...
Non (Rires) C'est d'ailleurs pour cela que je cherche aussi de la comédie pour d'autres cases, comme je vous le disais tout à l'heure. Mais plus sérieusement, j'estime que ces "fictions du réel" s'inscrivent parfaitement dans la mission de service public de France Télévisions. Elles permettent de créer le débat sur des thèmes de société et donnent des clés de compréhension du monde qui nous entoure.
Evoquons enfin plus directement votre travail. Globalement, cherchez-vous des projets précis ou est-ce que vous vous laissez tenter par des projets que vous ne cherchiez pas ?
Les deux en fait. Il y a plein de projets que l'on cherche absolument et que l'on ne trouve pas toujours. En même temps, plein de gens nous apportent des projets qu'on ne cherche pas mais qu'on a envie de faire (rires).
Quelle est votre politique en matière de formats, entre le 52 minutes, le 90 minutes ?
C'est simple : le format s'adapte à l'histoire, pas l'inverse. Il n'y a pas de règles rigides en la matière.
Est-ce que depuis "Capitaine Marleau", vous avez moins peur de brusquer les téléspectateurs avec des personnages hauts en couleur ?
Oui. C'est vrai pour nous, mais aussi pour les autres chaînes je pense. Chacun se nourrit des expériences des autres. Par exemple, la série "Les bracelets rouges" sur TF1 m'a libéré aussi d'une certaine manière. Sur le papier : c'est l'histoire de quatre enfants malades d'un cancer dans un hôpital, dont l'un va mourir à la fin. Je ne sais pas si je l'aurais signée. Je le dis d'autant plus facilement qu'on ne me l'a pas proposée. En réalité, la série est solaire, bien écrite, bien produite et bien jouée. Les succès et les échecs des autres nous aident à réfléchir.
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