Info puremedias.com. Elle sort le bazooka. Selon un message interne envoyé à ses salariés, que puremedias.com a pu consulter, Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a tenu à rassurer après les attaques des chaînes privées la semaine dernière. Jeudi 11 mai dernier, l'Association des chaînes privées (ACP) qui regroupe TF1, M6, Canal+ et les chaînes d'Altice, a dénoncé ce qu'elles estiment être de la concurrence déloyale de la part du service public. A la suite d'une réunion d'urgence le vendredi 12 mai, France Télévisions a répondu à l'attaque directe de ses concurrentes privées.
Mais dans son mail, Delphine Ernotte a principalement ciblé TF1 et elle n'y a pas été de main morte. "Depuis l'annonce de l'arrêt de la fusion entre TF1 et M6, France Télévisions fait l'objet d'attaques récurrentes et ciblées notamment de la part du groupe TF1. Celles-ci ont pris une dimension nouvelle ces derniers jours avec l'envoi à la Première ministre, à une partie du gouvernement et aux parlementaires, d'un courrier et d'un document très critiques à l'égard de l'offre de France Télévisions et donc du travail de ses salariés", a-t-elle commencé.
"J'ai conscience que ces attaques ont créé beaucoup d'émoi et un vif sentiment d'injustice chez beaucoup d'entre vous. Aussi, je tenais à partager quelques éléments de contexte et à vous rassurer", a souligné Delphine Ernotte. Et d'indiquer : "D'abord, ce n'est évidemment pas à notre principal concurrent privé de déterminer si nous remplissons ou non nos obligations et missions de service public. Ce n'est pas notre rôle et encore moins le leur".
Elle a estimé que "ce document est une analyse si caricaturale et grossière de l'offre de France Télévisions qu'il en perd toute crédibilité". "Il s'évertue à additionner des chiffres tronqués, il est essaimé d'exemples fallacieux (certains datant de plus de 15 ans), il passe sous silence et à dessein les évolutions n'allant pas dans le sens de la démonstration recherchée, il multiplie des années de référence différentes pour tromper le lecteur. Il va jusqu'à mentir délibérément, ce qui nous paraît particulièrement grave s'agissant de documents transmis au gouvernement et à la représentation nationale", a dénoncé Delphine Ernotte.
"Personne n'est dupe sur le calendrier et les raisons de ces attaques particulièrement injustes à l'égard du travail quotidien des salariés de France Télévisions", a-t-elle poursuivi. Selon elle, "elles marquent surtout le signe d'une très grande fébrilité" : "France Télévisions renforce chaque mois sa place de premier média de France. Les audiences de France 2 et TF1 n'ont jamais été aussi proches. Depuis le début de l'année, nos deux chaînes amiral France 2 et France 3 sont leaders plus de 2 soirées sur 3 chaque semaine".
Elle a tenu à rappeler que, "contrairement aux coups portés", "ces bons résultats sont le fruit de choix éditoriaux radicaux et offensifs pour se différencier toujours plus, prendre des risques et oser". "Ces attaques me paraissent terriblement 20e siècle. A l'heure de YouTube, de Netflix et de TikTok, à l'heure des téléviseurs connectés qui ne proposent même plus de boutons chiffrés sur leur télécommande, à l'heure de la révolution des usages et de la mondialisation des contenus, TF1 croit-elle vraiment qu'affaiblir le service public lui permettra de rebondir ?", a lâché Delphine Ernotte.
Selon la patronne de France Télévisions, elle a souligné que le groupe audiovisuel du service public "répond à ces immenses défis ensemble et en élevant le débat". "C'est la raison pour laquelle j'ai soutenu le projet de fusion entre TF1 et M6 car il avait pour ambition de défendre notre média télé et des acteurs nationaux puissants", a-t-elle rappelé. Et d'ajouter : "C'est aussi pourquoi j'ai récemment défendu que les chaînes commerciales puissent bénéficier, au même titre que le secteur public, des mesures de visibilité sur les environnements connectés".