La justice se penche sur le bar de l'ultra-droite. Selon l'AFP, le parquet de Lille a décidé hier d'ouvrir une enquête préliminaire "au regard des violences et des propos tels qu'ils apparaissent dans" un documentaire choc réalisé par Al Jazeera sur un établissement privé du mouvement Génération identitaire. Diffusé dimanche dernier sur la chaîne qatarienne, le premier volet du documentaire "Generation Hate" d'une durée d'une cinquantaine de minutes montre notamment plusieurs personnes filmées en caméra cachée tenir des propos racistes, trinquer au bar pour le Troisième Reich et agresser une femme dans la rue.
"Le procureur a décidé d'ordonner une enquête préliminaire, confiée à la direction départementale de la sécurité publique du Nord, en vue de caractériser des infractions pénales susceptibles d'entraîner des poursuites au-delà des mesures administratives relevant des autorités compétentes", a expliqué Thierry Pocquet du Haut-Jussé, procureur de Lille, dans un communiqué. Il a précisé avoir reçu "des signalements (...) par madame la maire de Lille et par monsieur le préfet des Hauts-de-France".
Dans un communiqué, Martine Aubry, maire de Lille, a déclaré mardi avoir pris connaissance "avec horreur" du premier volet du film d'Al Jazeera, "relevant des propos insupportables de membres de Génération identitaire" et réclamant "la fermeture de La Citadelle (nom du bar privé, ndlr) qui n'aurait jamais dû ouvrir à Lille". Interrogé lors d'un point presse hier, le préfet du Nord Michel Lalande n'a pas écarté une possible fermeture administrative : "Par rapport aux droits qui m'incombent, c'est-à-dire le côté administratif, et tout ce qui touche à la police des débits de boisson en particulier, je regarde effectivement ce volet-là."
Selon des propos rapportés par l'AFP, Aurélien Verhassel, responsable lillois du groupuscule, a réagi ce jeudi aux signalements de la maire de Lille et du préfet du Nord. "La Citadelle ne peut pas être réduite à des propos de quelques personnes qui n'ont aucune légitimité, ce sont des personnes de passage qui n'ont jamais participé à des actions de Génération identitaire", a-t-il assuré.
L'association Génération identitaire souhaite adresser un droit de réponse ce lundi 17 décembre 2018 :
"Les 9 et 16 décembre, la chaîne islamiste Al-Jazeera a diffusé un reportage intitulé " Generation Hate " qui cherche à discréditer notre mouvement.
Génération Identitaire conteste les amalgames fallacieux contenus dans ce reportage fondé sur des images tournées en caméra cachée dont l'authenticité est sujette à caution.
L'organisation La Citadelle à Lille est une structure indépendante, sans lien juridique, organique ni politique avec Génération Identitaire, comme elle l'a d'ailleurs rappelé dans un communiqué du 27 novembre publié sur sa page Facebook.
D'autre part, contrairement à ce que laissent entendre les " journalistes " d'Al-Jazeera, les trois protagonistes présentés comme ayant commis des actes ou tenu des propos répréhensibles n'ont jamais été adhérents ni militants de Génération Identitaire.
Notre mouvement n'accepte aucune action violente ni aucune référence à un quelconque régime totalitaire du 20ème siècle.
La cour d'appel d'Aix-en-Provence vient d'ailleurs de condamner pour diffamation et injure deux militants d'extrême gauche qui avaient pratiqué ce genre d'amalgames à l'encontre du collectif Defend Europe.
Quant à Aurélien Verhassel, il n'est plus membre de Génération Identitaire et nous n'avons plus de contact avec lui.
Aucun crédit ne peut être accordé à une chaîne de télévision qui ne cesse de faire la promotion de l'islamisme. Par des méthodes malhonnêtes et des raccourcis diffamatoires, Al-Jazeera tente évidemment de salir ceux qui s'opposent à l'islamisation de l'Europe.
Nous étudions avec nos avocats toutes les suites judiciaires à donner à ce pseudo-documentaire."