Fini, le rôle de faire-valoir. Ou celui de gentille potiche dans l'émission la plus enviée du PAF. Ariane Massenet a SA case, son émission d'actu. "Rodolphe Belmer (patron de Canal+, ndlr) m'a dit vas-y, tu vas t'éclater sans la pression de l'audience", confie-t-elle. Elle y est allée, s'amuse déjà. Même si "La matinale" de Canal, c'est dix fois moins d'audience que "Le grand Journal" où elle a officié pendant sept ans, aux côtés de Michel Denisot.
Ariane Massenet voulait "passer à autre chose", sa décision était prise depuis un an. La mécanique du matin reste semblable au soir : actu, politique, déconne. Mais cette fois, c'est elle qui commande. Avec sa bande, sa rédaction, son équipe technique. Un tremplin pour une légitimité que certains lui contestent. Levée à 4 heures, à l'antenne à 6h57. Une nouvelle vie pour celle qui aimait vivre tardivement.
Interview Ariane Massenet
Ca ressemble à quoi, la nouvelle vie d'Ariane Massenet ?
Ca ressemble à une vie réglée au cordeau. Dès qu'on déroge aux règles fixées, on le paye. Par exemple, la sieste est primordiale. L'hygiène de vie assez particulière, complètement décalée. Mais je trouve ça assez agréable, finalement. J'ai fait une croix sur ma vie sociale du lundi au jeudi, ce qui me permet de voir mes amis le week-end.
Vous êtes passée de l'émission la plus regardée de la grille en clair de Canal+ à l'émission la moins regardée, c'est moins de pression ?
La pression est la même, mais différente. Au "Grand Journal", il faut faire continuellement attention car si on dit une bêtise, ça prend une ampleur incroyable. Ici, si je me goure, c'est de ma faute. Il y a la pression du temps, c'est une émission qui va très vite.
Pourquoi avoir lâché l'un des sièges les plus enviés du PAF ?
L'envie de passer à autre chose, ça faisait sept ans. C'est long, sachant que je suis restée trois ou quatre ans sur les précédentes émissions. J'avais signalé mon sentiment d'avoir fait le tour il y a un an. Rodolphe Belmer m'a convaincue, à raison, de rester pour faire la présidentielle. Mais il faut savoir changer, prendre des risques, j'aurais pu terminer ma carrière au "Grand Journal" ! Je suis très heureuse d'être là, même si ça peut paraître dingue pour beaucoup de personnes.
Vous êtiez très critiquée au "Grand Journal". Cela vous affectait ou vous étiez totalement hermétique à ce qu'on disait de vous ?
On ne peut pas être hermétique à ça, je ne peux pas croire ceux qui prétendent s'en moquer. Au début, on a tendance à regarder ce qui s'écrit, se dit. Il faut arriver à s'en préserver car ça fait un peu mal, à chaque fois. Plus le temps passe, moins c'est douloureux, mais ça continue de faire quelque chose.
Vous compreniez ces attaques, parfois violentes ?
J'avais un rôle très particulier au "Grand Journal", un relais entre ce qui se passe dans l'émission et les téléspectateurs. J'étais là pour poser les questions que tout le monde se pose, aussi banales soient-elles. Les téléspectateurs ont sur ce rôle un regard très particulier. C'est comme dans "Qui veut gagner des millions ?", les premières questions, tous les gens trouvent ça très facile de chez eux. Quand ils y sont, c'est plus compliqué. Comme je ne suis pas une spécialiste, les gens pensent qu'ils peuvent faire mieux que moi. Oui, j'ai posé des questions cons ! Mais dans le sens où ce sont toutes celles qu'on oubliait parfois de traiter.
"La matinale" va-t-elle vous permettre d'acquérir, enfin, une certaine légitimité ?
Le regard a déjà changé sur moi. Quand vous avez votre propre émission, soit les gens la rejettent, soit ils l'acceptent. Mais en aucun cas la personne qui la présente n'est remise en cause. Quand vous tenez un rôle dans un programme comme "Le Grand Journal", qui est une émission collégiale et repose sur l'alchimie entre plusieurs personnes, chaque individu est jugé, critiqué. Quand vous dirigez une émission, les téléspectateurs n'ont pas du tout le même regard. J'ai jeté un oeil, il y a quelques critiques sur le changement d'animatrice, et c'est bien normal. Mais il n'y a encore rien sur "Ariane Massenet, quelle truffe !" (rires).
Vous craigniez de ne pas être à la hauteur ?
Non. J'étais stressée, naturellement. Là, on est encore en phase d'apprentissage, j'aimais beaucoup cette émission avant et je n'avais pas peur de diriger une bande. J'ai toujours travaillé dans des bandes, je sais comment ça fonctionne. Puis, dans "La matinale", l'alchimie s'est créée immédiatement, tout de suite. La complicité, ça ne s'invente pas. Si ça marche, ça se voit. L'inverse est aussi vrai. Tous les ex-chroniqueurs ont été ultra-bienveillants à mon égard.
Vous avez signé pour combien de saisons ?
Ce n'est pas un job qu'on peut tenir quinze ans. C'est un rythme très particulier, deux ou trois ans c'est bien, non ?