Une hausse de budget conditionnée. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a présenté, ce mercredi 27 septembre 2023 lors d'une conférence de presse, les contours du budget 2024 de l'audiovisuel public, c'est-à-dire l'enveloppe allouée par l'État à France Télévisions, Radio France, France Médias Monde (France 24 et RFI), Arte France, l'Institut national de l'audiovisuel et TV5 Monde. Suffisamment rare pour être souligné, celui-ci affiche une progression de 6% pour 2024 (4,025 milliards d'euros soit une augmentation de 228 millions d'euros) et de 12% pour les cinq prochaines années. Il pourrait atteindre 4,262 milliards d'euros en 2028 contre 3,8 milliards d'euros en 2023.
"Ce budget témoigne de l'ambition que nous avons pour l'audiovisuel public (...) Je rappelle que depuis six ans, il a engagé plusieurs transformations profondes, a réalisé 190 millions d'euros d'économies, tout en affirmant ses missions de service public et en développant les audiences", a rappelé l'actuelle locataire de la rue de Valois.
Présentée comme une augmentation, cette hausse de budget pallie surtout "les surcoûts liés à l'inflation" et "les effets induits par la suppression de la contribution à l'audiovisuel public en 2022", pour l'heure remplacée par l'affectation d'une fraction de TVA, nuance, dans "Le Monde", Antoine Chuzeville, délégué syndical central SNJ de France Télévisions, dont le budget grimpe de 137 millions d'euros en 2024 pour atteindre 2,57 milliards d'euros.
Surtout, souligne sur X Serge Cimino, son collègue au SNJ, "les annonces de Rima Abdul Malak concernant l'audiovisuel public et son budget ne sont que chantage et mise sous tutelle ! Budget en hausse si transformation ! Le prix du danger en quelque sorte", s'indigne celui qui briguera pour la troisième fois consécutive – après 2015 et 2020 – la fonction de président de France Télévisions en 2025.
"Ce qui nous interroge, c'est la part variable", abonde dans son sens Matthieu Darriet, cosecrétaire du SNJ à Radio France, dont le budget 2024 est réévalué de 93 millions d'euros pour atteindre 668 millions d'euros. En effet, l'État conditionne, pour la première fois et dès 2024, une enveloppe de 69 millions d'euros supplémentaires à la réalisation de "projets de transformation et de modernisation". Une clause de revoyure fixée à 2026 permettra d'étudier d'éventuels financements supplémentaires en 2027 et 2028.
"Cette trajectoire budgétaire", précise Delphine Ernotte dans un courrier interne que puremedias.com s'est procuré, "impliquera d'amplifier nos efforts et de porter toute notre énergie vers quatre priorités stratégiques (parmi lesquelles) l'information, et la place unique que nous occupons dans le décryptage de l'actualité, la lutte contre les fausses informations, le temps long et l'enquête", a-t-elle précisé. Avant de rappeler, sans en dire davantage, son objectif d'une "exigence renforcée pour accélérer les coopérations entre sociétés de l'audiovisuel public".
Certains de ces "chantiers prioritaires" définis dans les contrats d'objectifs et de moyens (COM) actuellement en discussion se sont déjà concrétisés. Citons pêle-mêle la fusion en 2022 des sites web des rédactions de France 3 et France Bleu sous la bannière "Ici par France Bleu et France 3",la mise en oeuvre du projet Tempo et la suppression des éditions nationales d'information de France 3 mais aussi la création par France Télévisions d'un journal télévisé pour les adolescents diffusé en intégralité sur Youtube et Franceinfo.
France Télévisions (2,57 milliards d'euros ; + 137 millions d'euros)
Radio France (668 millions d'euros ; + 93 millions d'euros)
France Médias Monde (304 millions ; + 19 millions d'euros)
Arte (294 millions d'euros, + 9 millions d'euros)
Institut national de l'audiovisuel (108 millions d'euros, + 14 millions d'euros)