Mourra, mourra pas ? Depuis plusieurs semaines, l'avenir de Canal+ semble très incertain. Des inquiétudes nées des déclarations faites par Vincent Bolloré lors de l'Assemblée générale de Vivendi, le 21 avril dernier. Ce jour-là, le président du conseil de surveillance du groupe Canal+ avait pour la première fois évoqué une possible disparition de la chaîne cryptée lancée en 1984.
"Si à un moment, on n'a pas l'autorisation de distribuer beIN, si les pertes continuent, on sera obligé à un moment d'arrêter le robinet. Vivendi ne pourra apporter indéfiniment de l'argent à Canal+", a fait savoir Vincent Bolloré, n'hésitant pas à parler de "faillite". Un moyen pour l'homme d'affaires de mettre un maximum de pression sur l'Autorité de la concurrence qui doit prochainement se prononcer sur le projet d'accord exclusif de distribution passé entre Canal+ et beIN Sports.
Depuis, l'homme d'affaires breton souffle le chaud et le froid. Alors que sa sortie a légitimement provoqué l'inquiétude, il a récemment décidé de sortir pour la première fois de sa réserve médiatique en accordant des entretiens informels aux Echos et à Challenges. En plein exercice de pédagogie, Vincent Bolloré s'est montré un peu plus optimiste que le 21 avril dernier. "Je pense non seulement que Canal+ est sauvable, mais qu'il sera sauvé, sous réserve des accords prévus et des économies à faire", a-t-il expliqué à nos confrères le 17 mai dernier.
Lundi, l'Autorité de la concurrence a pour sa part annoncé un report à fin juin de sa décision. Dans la foulée, le site BFM Business révélait les fortes concessions que Canal+ devrait faire pour obtenir la validation de l'accord par l'Autorité de la concurrence. Le groupe audiovisuel pourrait notamment laisser aux téléspectateurs la possibilité de s'abonner à beIN Sports en solo.
Coïncidence ou pas, Vincent Bolloré a décidé de prendre une nouvelle fois la parole dans la presse aujourd'hui. Interrogé par Le Figaro, le tycoon d'Ergué-Gabéric a voulu maintenir la pression sur l'Autorité de la concurrence en déclarant : "Si elle (l'Autorité de la concurrence, ndlr) n'autorise pas l'accord ou si elle l'assortit de conditions telles qu'il ne présente plus d'intérêt, Vivendi devra déterminer combien de temps il peut continuer à financer des chaînes qui perdent entre 400 et 500 millions d'euros par an", a-t-il prévenu. Une nouvelle menace de fermeture, au cas où la première ne serait pas arrivée à destination.