Jour J. Il y a 40 ans jour pour jour, le dimanche 4 novembre 1984, André Rousselet, son président, créait Canal+. Dans le PAF de l'époque composé des trois antennes publiques, TF1, Antenne 2 et FR 3, la Quatre, diffusée 20 heures sur 24 (un exploit à l'époque) et première chaîne à péage de France. Celle-ci se distingue avec une programmation singulière à base de cinéma inédit, de football et de porno. Quarante ans plus tard, celui qui a vécu cette journée de lancement aux premières loges animera une soirée anniversaire ce lundi à 21h10. "On n’a pas ouvert les armoires à archives. On a préféré inventer quelque chose qui soit hybride, entre le music-hall à l’ancienne et quelque chose de moderne apporté par les participants. On a fait un pas de côté, ça nous semblait plus pertinent et intéressant qu’un best-of ou une soirée d’auto-congratulations", a-t-il commenté ce lundi dans une interview accordée à "20 Minutes".
Dans ce même entretien, Antoine de Caunes a été interrogé sur ce qu'il advenait de "l'esprit Canal" depuis la prise de contrôle de la chaîne par l'actionnaire Vincent Bolloré. "Canal+, c’est le navire amiral d’un groupe qui a d’autres préoccupations. C’est très difficile de répondre de son actionnaire principal, en tant que média dans un système capitaliste", a jugé Antoine de Caunes. "Je pense sincèrement que Canal+ ne souffre pas d’une ligne éditoriale imposée. J’ai l’impression qu’on est assez libres. Jean-Marie Messier (PDG de Vivendi, propriétaire de Canal+, de 1996 à 2002) était très interventionniste, ça ne lui a pas porté chance…", a-t-il taclé.
Selon l'ancien visage d'émissions comme "Nulle part ailleurs" et "Le grand journal", "l’équilibre doit se faire sans que jamais ne disparaissent la liberté et la pertinence dans l’analyse de l’époque", défend-il, sans évoquer la décision de Vincent Bolloré de sacrifier deux des programmes les plus emblématiques en la matière, "Les guignols de l'info" en 2018 – trois ans après un passage en crypté de l'émission dont l'humour a été édulcoré – et "Le zapping" en 2016.
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Antoine de Caunes retient davantage le ton "incroyablement juste" des créations de Canal+. "Regardez une série comme 'D’argent et de sang'. Il y a aussi toutes les générations d’humoristes qui sont passés et passent encore par Canal. Le cheptel s’est renouvelé sans que l’esprit, l’envie d’essayer des choses, ait déserté la chaîne", estime-t-il avant de conclure. "Ce qui résume ces 40 ans, c’est la créativité et la recherche d’excellence. Quand Canal se lance dans le foot, elle cherche les meilleurs réalisateurs, les meilleures caméras, pour créer une expérience… Et quand Canal se lance dans les séries, c’est pareil. On voit sur Canal des choses qu’on ne verrait pas ailleurs. Quand je vois 'La fièvre' ou 'Hippocrate', j’aimerais pouvoir me dire 'si ce n’est pas sur Canal, quelqu’un d’autre le fera', mais c’est faux. Il n’y a que Canal pour faire ça".