Dans son livre "La lumière du chaos" (paru aux éditions de l'Observatoire), la question des évolutions du capitalisme libéral est largement évoquée. Et pour lutter contre cette forme de libertarianisme réactionnaire qui tend à se développer avec l'émergence de personnalités comme Elon Musk ou Javier Milei (nouveau président de l'Argentine, ndlr), un homme a décidé de s'engager davantage et de le faire savoir : Matthieu Pigasse, propriétaire des Nouvelles Éditions indépendantes, une holding qui détient des actions dans des titres de presse ("Le Monde", "Le Huffington Post", "Télérama") et en dirige carrément d'autres, comme Radio Nova et les "Inrockuptibles". Il a notamment permis à Guillaume Meurice de rebondir sur cette antenne avec "La dernière", après avoir été licencié de France Inter la saison passée "pour faute grave".
Dans un long entretien avec deux journalistes de "Libération", paru dans l’édition de ce lundi 13 janvier 2025, le banquier d’affaires a réitéré ses convictions. "J’échange avec des gens dont je suis proche politiquement : la gauche, donc", a-t-il tout d’abord affirmé, avant de regretter "une complaisance, voire dans certains cas une connivence, entre les dirigeants de grandes entreprises et l’extrême droite". Et d’expliquer pourquoi il trouve cela problématique : il déplore un "refus de reconnaître les sujets liés à la transition écologique, en passant par la liberté sexuelle, la liberté de genre ou la liberté d’expression."
Et d’expliquer comment il compte mener cette bataille : "Il y a un combat majeur à mener et il se présente avec des moyens inégaux. Je veux mettre les médias que je contrôle dans ce combat." Il a ensuite détaillé ce qu’il voulait faire avec Radio Nova, à savoir "permettre de dire des choses que d’autres ne disent plus, avec un ton décalé et de l’humour", au contraire de France Inter, "peut-être la voix du pouvoir". Une stratégie qui commence à porter ses fruits au niveau des audiences : en novembre et décembre 2024, la station enregistre un score de 89% supérieur à celui de l’année précédente sur la cible des 25-59 ans.