François Hollande est très remonté contre les chaînes d'information. Raison de la colère du président de la République selon Le Canard Enchaîné : les interviews de Léonarda et de son père, réalisés samedi par BFMTV et i-TELE, juste après son intervention à la télévision. Des entretiens depuis le Kosovo qui donnaient une impression de dialogue entre la lycéenne expulsée et le chef de l'Etat. "Un vrai scandale", aurait réagi François Hollande selon le journal. "BFMTV et i>TELE ont procédé à une sorte de montage. Cela participe d'une manipulation permanente de tout ce que je dis ou fais, et ça ne peut que contribuer à abaisser la fonction présidentielle", s'est plaint le chef de l'Etat, évacuant ainsi ses propres responsabilités dans cette affaire.
Mais au-delà de cette "séquence Léonarda", c'est plus globalement la manière de travailler des chaînes d'information en continu qui est remise en cause par l'exécutif. Et BFMTV est particulièrement dans la ligne de mire des dirigeants socialistes. L'Opinion rapporte ainsi dans son édition du jour des propos tenus récemment par plusieurs ténors du gouvernement au sujet de la chaîne d'Alain Weill. Arnaud Montebourg se serait ainsi élevé récemment contre la "bfm-isation" de la vie politique française. De son côté, Michel Sapin pesterait contre "l'emballement médiatique" créé par les chaînes d'infos en continu, sur lesquelles "une tornade chasse l'autre" selon le ministre du Travail.
Quant à Bruno Le Roux, le patron des députés PS à l'Assemblée nationale, il aurait pour habitude d'ironiser "Fox News... pardon BFM", référence peu flatteuse à la chaîne conservatrice et populiste américaine. Plus globalement selon L'Opinion, c'est l'ensemble des cabinets ministériels qui vociféreraient contre la rivale d'i>TELE, régulièrement accusée d'être "populiste", "bas de gamme", et de valoriser une info brute sans mise en perspective ni analyse. A tel point que la chaîne serait surnommée "B-FN" par de nombreux conseillers.
Ces critiques ne semblent pas vraiment atteindre BFMTV. Solidement assise sur des audiences en progression (2% de parts d'audience en septembre), la chaîne du groupe NextRadioTV ne craint visiblement rien des hommes politiques qui profitent souvent à plein du système qu'ils dénoncent. C'est ce qu'a rappelé aujourd'hui en direct Christophe Delay dans sa matinale sur BFMTV.
Evoquant au cours de sa revue de presse les propos rapportés par L'Opinion, le matinalier a ainsi largement ironisé. "En même temps, tous ces gens-là, ils flinguent, mais ils viennent quand même chez nous, chez Ruth Elkrief, et assez régulièrement". Avant de railler : "C'est vrai qu'on peut reconnaître avec eux que c'était tellement mieux au temps de l'ORTF quand le conducteur du journal était visé par le ministre de l'Intérieur. Remarquez, pas sûr, si c'était le cas aujourd'hui, que ce soit raccord avec ce que souhaite le gouvernement".