Cela devait être une ode à la fête, et pourtant. Ce mercredi 30 juillet, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour cyberharcèlement à la suite d'une plainte de Thomas Jolly, metteur en scène de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024, a appris ce vendredi 2 août l'AFP de sources proches du dossier. L'enquête est dirigée par le Pôle national de la lutte contre la haine en ligne (PNLH) du parquet, et a été confiée à l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité et les crimes de haine (OCLCH), précisent les sources de l'agence.
L'acteur et directeur artistique de l'événement est victime d'une vague de haine en ligne à la suite de la diffusion de l'événement dans le monde entier. Suivi par plus d'un milliard de spectateurs dans le monde entier selon les estimations, ce spectacle géant sur la Seine, une première dans l'histoire des JO, a été dans l'ensemble salué par les commentateurs, des réseaux sociaux en passant par la presse internationale. Grandiose, inclusive, mettant à l'honneur la diversité, les droits des femmes et de la communauté LGBT+, il n'a pourtant pas manqué de susciter quelques critiques.
L'un des tableaux, intitulé "Festivité", s'est en effet ouvert sur la DJ Barbara Butch affublée d'une coiffe ressemblant à une auréole dotée, au centre d'une table composée notamment de drag-queens. Au premier plan, le chanteur Philippe Katerine apparaît presque nu et le corps peint en bleu. Un tableau vu par certains comme une parodie des représentations artistiques de a Cène, dernier repas de Jésus avec ses apôtres, et vivement critiqué par des personnalités principalement d'extrême droite, jusqu'à l'international, déclenchant des excuses publiques de la part du comité olympique. Invité sur BFMTV ce dimanche, Thomas Jolly a assuré que son inspiration était "une grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe", et qu'il n'y avait aucune "volonté de moquerie et de dénigrer qui que ce soit".
Barbara Butch, qui est aussi activiste féministe et queer, a également porté plainte contre X, après avoir été elle-même la cible d'une vague violente de cyberharcèlement. Selon son avocate, l'artiste a été "menacée de mort, de torture et de viol, elle est également visée par de nombreuses injures à caractère antisémite, homophobe, sexiste et grossophobe" depuis la diffusion de la soirée. Ce mardi 30 juillet, le parquet de Paris a annoncé ouvrir une première enquête pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort à la suite de sa plainte.
De son côté, Paloma, gagnante de la saison 1 "Drag Race" France, ayant également participé au tableau, a annoncé ce jeudi sur son compte Instagram "prendre un peu de distance avec les réseaux sociaux". "Trop de violence. Trop de mépris de nos luttes. Trop d'ignorance de que les minorités traversent depuis des siècles" a-t-elle écrit. Dans un entretien accordé au magazine "Elle" paru le même jour, la drag queen a confié recevoir "à peu près 1000 messages par jour sur Instagram". "C'est la première fois que des personnes recherchent mon compte Instagram uniquement pour venir m'insulter. Je suis habituée à recevoir de la haine, mais avant la cérémonie, c'était principalement sur X. Maintenant, c'est partout", déplore-t-elle.