France Inter mise en demeure. La première radio publique se fait taper sur les doigts par le Conseil supérieur de l'audiovisuel dans une décision publiée hier. En cause : une séquence diffusée le 23 juin 2017 dans l'émission de Charline Vanhoenacker, "Si tu écoutes, j'annule tout". Au cours de celle-ci, l'humoriste Frédéric Fromet avait interprété une chanson sur l'air de "Bambino" de Dalida, évoquant très crûment la mort du torero Ivan Fandiño survenue six jours plus tôt.
"Tu t'es bien fait encorner, Fandiño, Fandiño, Fallait pas faire le kéké, Fandiño, Fandiño, Je sais bien qu'on ne rit pas, Fandiño, Fandiño, D'un mort mais là on a le droit", avait chanté Frédéric Fromet à propos du torero de 36 ans, mortellement encorné le 17 juin lors d'une corrida à Aire-sur-l'Adour (Landes). "Et craquent, craquent tes petits os, mon petit Fandiño (...) Et giclent, giclent tes boyaux, mon petit Fandiño, le taureau a fait de toi una brochette espagnola", avait continué le chanteur sous les éclats de rires de Charline Vanhoenacker, Alex Vizorek, Guillaume Meurice et Jean-Pierre Bacri, invité de l'émission ce jour-là.
Frédéric Fromet avait "salué" le torero "parti comme une bouse" tout en se demandant si l'on recycle ses "petites couilles dans des tapas" ou son foie dans la paëlla. "Moi je chante et j'ai les yeux qui brillent, mon petit Fandiño, quand c'est le taureau qui fait de toi una superbe tortilla", s'était finalement réjoui l'interprète dans sa chanson. Cette dernière avait rapidement provoqué de vives réactions. Le CSA avait ainsi indiqué avoir reçu près d'un millier de signalements. France Inter, par la voix de sa patronne Laurence Bloch, avait pour sa part défendu l'humoriste au nom du droit à la caricature.
Dans sa décision, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a estimé que la diffusion de cette séquence, peu de temps après le décès d'Ivan Fandiño et en dépit de sa visée humoristique, avait pu "légitimement heurter les proches de la victime". Il a relevé "que le fait de se moquer - voire de se réjouir - du décès d'une personne sous les rires et les applaudissements des personnes présentes sur le plateau, avait porté atteinte à sa dignité". Le CSA a ainsi adressé une mise en demeure aux dirigeants de France Inter.