L'écrivain Christine Angot et son éditeur Flammarion ont été condamnés hier par la 17e chambre du tribunal de grande instance (TGI) de Paris à verser 40.000 euros de dommages et intérêts à Elise Bidoit pour atteinte à l'intimité de sa vie privée. L'affaire remonte à janvier 2011, Christine Angot publie un nouveau roman "Les Petits", qui raconte l'histoire d'un couple avec quatre enfants qui se déchire violemment jusqu'à se séparer. Problème: une jeune femme, bien réelle, se reconnaît parfaitement sous les traits d'Hélène, personnage principal de l'ouvrage. Il s'agit d'Elise Bidoit, dont de nombreux détails intimes de la vie privée se trouvent rélévés dans l'ouvrage.
Il faut dire qu'Elise Bidoit et Christine Angot se connaissent bien. L'ancien compagnon de la première est devenu celui de la seconde. Elise Bidoit a par ailleurs déjà accusé par le passé Christine Angot de piller sa vie privée pour en peupler ses romans. Ainsi en 2009, elle avait déjà entamé devant le tribunal de grande instance de Nanterre une action en justice contre "Le marché des amants", le précédent livre de la romancière. Finalement, l'affaire s'était soldée par un accord entre les deux parties prévoyant une indemnisation de 10.000 euros pour la plaignante.
Cette fois-ci, la justice a voulu frapper fort. Il est en effet très rare que les tribunaux condamnent des écrivains pour de tels motifs au nom du principe de la liberté de création des auteurs. Dans sa décision, le tribunal a tenu à souligner que les liens des personnages du livre avec la réalité de la vie de la plaignante étaient "particulièrement forts, étroits et insistants". Il a également ajouté que le livre constitue une atteinte d'autant plus grave à la vie privée d'Elise Bidoit que cette dernière y est dépeinte comme "un personnage manipulateur". Et le tribunal d'affirmer que "le droit à la vie privée n'est pas réservé aux personnes qui jouissent d'une quelconque célébrité".
A l'issue de l'audience, Me Georges Kiejman, l'avocat de Christine Angot, a déclaré à l'AFP être "surpris" par la "sévérité" du jugement. Il a confié que sa cliente était "totalement effondrée" après ce verdict qu'elle considère comme "une remise en question de son oeuvre". Le célèbre avocat a par ailleurs annoncé qu'il lui conseillerait de faire appel de cette décision.