Pierre Ménès, ancien chroniqueur de Canal+, a décidé de contre-attaquer. Le 11 juin dernier, il a déposé une plainte pour diffamation publique contre Marie Portolano et les éditions Stock, en réaction au livre de la journaliste, "Je suis la femme du plateau", a rapporté "Le Parisien" ce mardi 3 décembre. Bien qu’elle ne mentionne jamais son nom, Pierre Ménès s’estime clairement identifiable dans deux passages de l’ouvrage, paru en mars 2024.
La plainte de Pierre Ménès a été jugée recevable par le doyen des juges d’instruction. Selon "Le Parisien", le consultant sportif a déposé une consignation de partie civile le 21 octobre, permettant ainsi l’ouverture d’une information judiciaire. Dans une déclaration au journal, il explique : "J’ai tout perdu avec cette histoire. Ça fait trois ans que mon téléphone ne sonne plus. J’y ai laissé mon honneur, mon travail, ma santé. Je ne vois pas ce que Marie Portolano veut de plus. Il faut qu’elle me laisse tranquille maintenant. Je suis fatigué de tout ça."
Le premier extrait litigieux évoque le "droit de cuissage" dont Pierre Ménès aurait bénéficié à Canal+. Dans son livre, Marie Portolano décrit un climat toxique au sein de la chaîne : "Outre l’humiliation, il se permettait de faire ce que bon lui semblait aux femmes qui l’entouraient. De toucher qui il voulait où il voulait, avec le consentement non des personnes concernées évidemment, mais de celles qui auraient tout à fait pu l’arrêter, ses supérieurs hiérarchiques par exemple." L’avocat de Pierre Ménès, Me Nicolas Rebbot, réfute fermement ces allégations, dénonçant des propos "inacceptables et gravement diffamatoires" : "Mon client a pu avoir des comportements de beauf, de grande gueule, qui ne sont plus possibles de nos jours, et c’est heureux. Mais je ne pense pas qu’il a dépassé les bornes au point d’être qualifié de prédateur."
Le second passage incriminé revient sur l’agression sexuelle qu’aurait subie Marie Portolano en 2016, lorsque Pierre Ménès lui aurait soulevé la jupe et touché les fesses sur le plateau du "Canal Football Club". Dans son ouvrage, elle écrit : "Il avoue qu’il l’a fait." Une affirmation que Pierre Ménès conteste : "Je n’ai pas pu lui dire que je l’avais fait, puisque je ne m’en souviens pas. Pas un seul témoignage ne corrobore sa version."
En 2021, le documentaire de Marie Portolano, "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste", avait déjà mis en lumière ces accusations (parmi d’autres), déclenchant une enquête interne chez Canal+. Bien que la journaliste n’ait jamais porté plainte, une enquête préliminaire a été ouverte par la Brigade de répression de la délinquance contre les personnes (BRDP). Selon le parquet de Nanterre, l’enquête sur les accusations portées par Marie Portolano est "toujours en cours", des "investigations complémentaires" ayant été ordonnées en octobre 2024.
Après avoir quitté Canal+ en 2021, Pierre Menès anime désormais une chaîne YouTube, "Pierrot le foot". Ce mercredi 4 décembre, il a posté une vidéo, intitulée "Pourquoi je porte plainte contre Marie Portolano". “J'ai décidé (...) de porter plainte contre Marie Portolano dans ce qu'on peut aujourd'hui appeler l'affaire de la jupe” commence-t-il. “C’est un mensonge. Vous en êtes tous témoins, j’ai toujours dit que je ne m’en souvenais pas”, assure-t-il, évoquant son état de santé à l’époque. “Quand vous avez le foie qui ne fonctionne plus, vous faites des encéphalopathies […] pouvant conduire à des pertes de mémoire (...) Donc je ne peux pas avouer quelque chose, je ne me souviens pas”, ajoute-t-il. “Trois ans après avoir brisé ma carrière avec son documentaire, elle a décidé de faire un livre […] tout le monde sait qu’elle parle de moi”.
Par ailleurs, le chroniqueur a été définitivement condamné en avril 2023 pour une agression sexuelle sur une vendeuse en 2018, bien qu’il ait été relaxé pour deux autres affaires similaires. De son côté, Marie Portolano, qui rejoindra prochainement l’émission "Infrarouge" sur France 2, n’a pas souhaité apporter de commentaires.