La guerre de l'information. "Une semaine après le coup d'État" orchestré par le général Abdourahamane Tiani pour renverser Mohamed Bazoum, le Président élu le 26 juillet toujours séquestré, le Niger a suspendu la diffusion de France 24 et RFI, ont constaté, ce jeudi 3 août 2023, les deux antennes du groupe France Médias Monde.
"France Médias Monde dénonce cette décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal, qui prive un peu plus encore dans la région les citoyens de leur accès à une information libre, indépendante et vérifiée", écrit le groupe dans un communiqué intitulé "France 24 et RFI s'indignent de la suspension de leur diffusion au Niger". Les signaux de la station RFI en FM et de la chaîne France 24 ont été coupés "sur instructions des nouvelles autorités militaires", a indiqué à l'AFP un haut fonctionnaire nigérien.
Selon le groupe France Médias Monde, la radio RFI est écoutée par 18% de la population nigérienne, soit 1,9 millions de personnes, chaque semaine. France 24 était quant à elle suivie par un habitant du Niger sur quatre chaque semaine. "Alors que RFI et France 24 ont déjà subi la censure au Mali et au Burkina Faso ces derniers mois, le groupe rappelle son attachement sans faille à la liberté d'informer, au pluralisme de l'information, comme au travail professionnel et à la sécurité des journalistes", a-t-il écrit hier.
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La coupure du signal de ces deux médias publics internationaux n'a pas laissé sans réaction le Quai d'Orsay. "La France réaffirme son engagement constant et déterminé en faveur de la liberté de la presse, de la liberté d'expression et de la protection des journalistes (...)", a déclaré, hier, le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
Au Niger, les déclarations d'hostilité à la France – des manifestations ont eu lieu, le 30 juillet 2023 notamment, devant l'ambassade au cours desquelles des drapeaux russes ont été aperçus – ont entraîné l'évacuation de 992 personnes par l'État, dont 560 Français. Le général Tiani a justifié sa prise de pouvoir au Niger par "la dégradation de la situation sécuritaire" dans un pays miné par la violence de groupes jihadistes.