Cinéma
The Tree of Life : Une palme d'or déroutante
Publié le 23 mai 2011 à 12:14
Par puremedias
Oeuvre hypnotique, à la fois passionnante, troublante, déconcertante et ennuyeuse, "The Tree of Life" de Terrence Malick est visuellement magnifique mais indéniablement déroutant et pas accessible à tous. Une vraie claque.
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Six ans après Le nouveau monde et sa relecture très contemplative du mythe de Pocahontas, Terrence Malick revient avec un film très attendu par les cinéphiles et les amoureux de belles images. Il faut avouer qu'un mythe s'est créé autour de ce film, repoussé à plusieurs reprises, y compris l'an dernier où il était attendu au Festival de Cannes, mais où le réalisateur avait jugé la version peu satisfaisante.

Pas facile d'évoquer ici le fond de The Tree of Life, œuvre organique, hypnotique, onirique, abyssale, passionnante, troublante, puissante, obsessionnelle, déconcertante, infernale, ennuyeuse... Tels sont les adjectifs, parmi une quantité d’autres, qui pourront être utilisés pour ce film. L'action se situe dans les années 50 dans un petit pâté de maison du Texas et le film suit le destin d'une famille modeste tenue d'une main de fer par M. O’Brien, interprété par Brad Pitt. Sean Penn y incarne Jack O’Brien, l'aîné devenu adulte cherchant des réponses sur le sens de sa vie à travers la personnalité énigmatique de son père.



Une chose est sûre, la réalisation, comme à son habitude, est d'une rare maîtrise. Si l'un utilise la symétrie dans ses compositions, l'autre fait tout valser. Les images sont toujours en mouvement. La steady cam se balade, le rythme, la perspective, les plans cut, la netteté des visages et des objets filmés en macro nous plongent en plein cœur de ce conte métaphysique mettant à plat toutes les 3D actuelles. La photographie est à tomber.

Terrence Malick ose et pousse jusqu’au bout le concept du passage dans l'au-delà lorsque l’un des frères de Jack décède. Il y associe la création de l’univers en nous servant pendant presque une demi-heure une valse d'images d’une beauté exceptionnelle comme des peintures abstraites en mouvement, utilisant les éléments fondamentaux que sont l’air, l’eau, la terre, le feu - les mauvaises langues diront qu’il s’agit, ici, d’une nouvelle génération d’écran de veille Apple - tout ceci bien entendu sur fond de musique classique, rappelant sans conteste 2001, L'Odyssée de l'espace. On notera d'ailleurs les magnifiques compositions d’Alexandre Desplat, musicien français très en vogue à Hollywood, qui nous font voyager et nous prennent aux tripes.



Le film fait également la part belle au christianisme, omniprésent, dont l’interprétation divine imaginée par Malick a été confiée à l’équipe de Douglas Trumbull (Blade Runner, Rencontres du troisième type), qui propose une interprétation visuelle bluffante. Dommage cependant qu'il se perde quand il aborde les origines du monde avec un retour à l’ère préhistorique ou de vulgaires dinosaures en image de synthèse apparaissent, rappelant un documentaire de la BBC sur le Jurassique. Inutile... mais, encore une fois magnifique.

Le film demeure une petite arnaque côté cast. En effet, s'il a voulu s’adresser au plus grand nombre avec le duo Sean Penn / Brad Pitt, le spectateur doit attendre un long moment avant que les deux acteurs n'apparaissent ensemble à l'écran... On regrettera aussi les trois lignes de dialogues qui ont été attribuées à Sean Penn qui semble, par moment, avoir la nausée à cause des cadrages que Malick lui fait subir. Brad Pitt, en revanche, confirme qu'il est un immense acteur en père tyran et bipolaire et se révèle glaçant, juste et imprévisible. Jessica Chastain est un peu effacée mais Hunter McCracken, qui incarne Jack jeune, tient avec brio les deux tiers du film face à Brad Pitt.

Une chose est sure, The Tree of Life est un film qui laissera perplexe à moins d’adhérer au propos divin. En tout cas, Il questionne. Il n'est pas accessible à tous et va inévitablement diviser. Terrence Malick brouille les pistes et chacun se fera sa propre opinion quant à la narration, mais la densité du film et son contenu risquent d'en décourager plus d'un. Mais si on s'accroche, on n'en ressort clairement pas indifférent. C'est peut être ça qu'on appelle une claque.

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