Depuis plusieurs mois, tout réussit à Cyril Hanouna. Tous les matins sur Virgin Radio de 6 heures à 9 heures, le nouvel homme de France 4 a accepté de revenir pour puremedias.com sur une année 2011 riche en rebondisssements. Le succès de "Touche pas à mon poste", son image dans les médias, ses relations avec RTL, ses envies, ses regrets, Cyril Hanouda dit tout. Entretien.
Comment résumeriez-vous "Hanouna, le matin" ?
C'est une émission d'humeur, avec beaucoup de musique, qui a pour objectif de réveiller les auditeurs. On a un créneau à prendre sur le morning familial. On a beaucoup de mères de famille qui nous écoutent avec leurs enfants. Après cinq mois, j'aimerais qu'on parle plus de l'actualité. A notre manière. J'ai envie que l'auditeur qui quitte l'émission connaisse tous les petits trucs de l'actu. Soit grâce à une connerie, soit par un jeu qu'on a fait dans l'émission. Je ne veux plus être dans la déconne gratuite.
C'est le nouveau créneau de Cyril Hanouna, apprendre en s'amusant ?
Tout à fait. Avant j'arrivais, je déconnais pour déconner. Puis je me suis pris pas mal de taules. Je me suis posé et me suis dit que les gens voulaient apprendre des trucs. Qu'ils ont honte de te regarder si tu n'es que dans la déconne. Laurent Ruquier est un exemple pour moi. Dans toutes ses émissions, tu t'amuses mais tu repars toujours avec une info.
Cinq mois après votre arrivée, la matinale de Virgin Radio évolue encore. C'est important pour vous ?
Je me lasse vite. J'ai besoin d'avoir des nouvelles choses le matin pour me motiver. Je ne veux pas que les gens aient l'impression que l'émission soit enregistrée et qu'on aurait pu faire la même il y a un mois. Je veux être dans l'innovation.
Le direct à la radio c'est primordial ?
Oui. A un moment, la direction m'a proposé d'enregistrer certaines émissions pour que je puisse enregistrer plus facilement "Touche pas à mon poste". J'ai refusé. Enregistrer à la radio c'est inconcevable selon moi. L'actualité rythme l'émission. On change le conducteur tous les jours. Après, je ne ferai pas la matinale pendant dix ans.
En juin dernier, vous quittiez RTL pour rejoindre Virgin Radio. Ce départ avait fait beaucoup de bruit. Quels sont vos rapports avec la direction de la station aujourd'hui ?
Ils sont top. Je dois déjeuner avec Yves Bigot, le directeur des programmes de RTL, la semaine prochaine et j'ai eu Christopher Baldelli, le président du directoire de RTL, au téléphone il y a quelques jours. Mon coeur est autant à Virgin Radio qu'à RTL. Si je n'avais pas eu RTL, je n'aurais pas eu France 4 ou Virgin Radio. RTL m'a ouvert toutes les portes. J'ai eu un gros moment de creux après la présentation du "Morning Live" sur M6. Ils sont venus me chercher. Dès que je suis arrivé dans cette institution, mon image auprès des gens a changé. Je ne sais pas pour combien de temps mais je dois tout ce que je fais aujourd'hui à RTL. Vous savez peut-être qu'un jour je retraverserais la route. Aujourd'hui sur Virgin Radio, on a plus de 25-49 ans qui nous écoute qu'avant. C'est aussi grâce à RTL car ce n'est pas la base de l'auditoire de Virgin Radio.
Vous avez quitté la première radio de France pour la 12e. C'était un choix risqué...
J'avais vraiment envie de faire une matinale. Je n'aurais jamais pu présenter le 6-9 de RTL. Je crois que face à Vincent Parizot, je ne fais pas le poids (rires). C'était le bon moment. Je ne me voyais pas faire une matinale dans cinq ans, à plus de quarante ans. Je ne regrette pas ce choix mais il a été dur à prendre. J'ai vécu des moments difficiles au moment de prendre cette décision.
Vous êtes également sur France 4 avec "Touche pas à mon poste". Depuis septembre, l'émission réalise d'excellents scores d'audiences. Comment l'expliquez-vous ?
Je crois que la télé intéresse les gens. On a trouvé un ton différent. J'en ai ras le cul des gens qui parlent de télé trop sérieusement. On est tous, moi le premier, à fond sur l'actualité de la télévision ou des médias mais il faut arrêter de croire qu'on fait quelque chose d'extrêmement important. La télévision reste un outil de divertissement pour les téléspectateurs. Je voulais vraiment que "Touche pas à mon poste" soit un divertissement où on parle de télé comme peuvent le faire les téléspectateurs entre eux. J'avais envie qu'ils se sentent avec nous en plateau. L'autre force du programme c'est la bande. On a la chance d'avoir su en créér une. Ça ne se fait pas comme cela. Ça ne s'explique pas.
Ça marche tellement que France 2 veut diffuser l'émission sur son antenne l'année prochaine...
C'est vrai qu'on a eu des propositions de la part de France Télévisions mais aussi d'autres groupes. Il n'y a plus trop d'émissions d'accueil à la télévision exceptées celles de Laurent Ruquier. Aujourd'hui, on est bien sur France 4. Je n'ai surtout pas envie de casser le jouet. Pour le moment on reste sur France 4. On réfléchit à faire agrandir l'équipe...
France 4 va programmer deux prime times de "Touche pas à mon poste". Qu'est-ce qui va changer par rapport à l'émission hebdomadaire ?
On va pouvoir mettre beaucoup plus d'archives. Le premier prime s'intéressera aux années 1990-2000 de la télévision, le second aux années 2000-2010. On va revenir sur le loft, ce qu'il ne fallait pas louper ces dix dernières années. On aura plus d'invités... Le premier prime devrait être diffusé pour l'anniversaire de l'émission, début avril.
On parle également d'une quotidienne sur France 4 à la rentrée...
Honnêtement, on en discute avec France Télévisions. Tout dépendra du format. Je n'ai pas envie d'aller en quotidienne pour faire de la quotidienne. Je ne veux pas partir sur un format bancal où très vite on va se cramer. Je préfère miser sur la durée.
A vous entendre, on vous sent plus serein à propos de la suite de votre carrière...
C'est vrai. A un moment donné, je disais oui à tout car je voulais que le public voit ma tête à la télé. Avant je voulais toujours briller, être celui qui sort la vannee qui allait marquer une émission. Aujourd'hui, je préfère mettre les gens en avant. Je n'ai plus besoin d'être au premier plan. Quand je me revois à l'antenne il y a quelques années, j'ai envie de me mettre des gifles. Je me suis rendu compte que j'étais saoulant. Je crois que ça s'appelle la maturité.
Qu'est-ce vous regrettez d'avoir fait ?
"Le Morning Live" de M6. Je n'avais pas assez d'expérience à l 'époque. J'avais fait deux sketchs sur Comédie! et on m'a appelé pour remplacer Mickaël Yoün. C'était un très mauvais choix. Je n'avais pas les épaules pour le faire à l'époque.
Vos envies à la télévision en 2012 ?
Continuer Touche pas à mon poste.
Et représenter l'Eurovision ?
Pour le coup, c'est un des moments télé où j'ai le plus rigolé de toute ma vie. Je l'ai fait deux années de suite et on se marrait vraiment. Depuis, France 3 a revu la formule et est revenu à une présentation trop sérieuse selon moi. Il faut s'éclater. Je n'ai rien contre Catherine Lara mais le choix de l'année dernière n'était pas le bon. Il faut que l'Eurovision soit une fête, une farce. Bien évidemment, il y a un enjeu, mais ça reste un divertissement. Ce qui me ferait marrer, ça serait de co-présenter L'Eurovision avec Mireille Dumas. On en a parlé la dernière fois qu'on s'est vus. On aimerait bien le faire ensemble. Ce serait un duo improbable.
Vous avez créé la société H2O il y a quelques années, quel sont vos projets en développement ?
On travaille déjà sur la prochaine saison de Touche pas à mon poste. On continue le développement du magazine de France 4, "Ca va mieux en le disant" présenté par Enora Malagré et Elodie Gossuin. On prépare un grand gala d'humour pour le Sidaction diffusé fin mars sur France 4. On est en train de développer une émission sur les jeunes talents. Il y a pleins de talents dans la rue aujourd'hui. L'émission de Laurent Ruquier sur France 2, "On ne demande qu'à en rire", est très bien mais elle exige d'avoir déjà écrit des sketchs. Il y a des gens sur internet, dans la rue, qui ont un vrai potentiel. On est sur une émission qui pourrait se nommer "Le bus de la déconne". On va aller chercher les gens chez eux, dans les quatre coins de la France, leur donner une chance et les mettre à l'antenne. On est en négociations avec plusieurs chaines. Internet a changé la donne aujourd'hui.
Vous avez quitté RTL en juin, les audiences ont lourdement chuté dernièrement et il y a 4 ans vous aviez présenté le grand bêtisier de fin d'année de France 3 sur ... le Costa Concordia. Quel sera le prochain naufrage de Cyril Hanouna ?
Enorme. J'adore cette vanne (rires). Vous avez vu à chaque fois que je quitte quelque chose, ça s'écroule... C'est vrai d'ailleurs, même le bêtisier de fin d'année de France 3 a moins bien fonctionné cette année. J'espère que mon prochain naufrage ne sera ni France Télé, ni Virgin Radio.