Retour en mai dernier. Quatre jours avant l'élection du président de la République, Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'affrontent lors du traditionnel débat d'entre-deux-tours, arbitré par Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq. Un débat particulièrement musclé sur lequel la responsable du service politique de France 2 revient ce mois-ci dans les colonnes de Vanity Fair. Et pour Nathalie Saint-Cricq, l'exercice du débat n'est pas forcément le plus aisé, tant tout est "extrêmement codifié et tout nous échappe".
"Je trouverais plus amusant de faire des questions orientées, qui reprennent l'argument de l'adversaire. Du genre, à Marine Le Pen : 'Emmanuel Macron veut revoir le Code du travail dans le sens d'une plus grande flexibilité, vous non. Vous considérez que tout va bien ?'", juge la journaliste qui a vu certaines de ses questions être "retoquées car trop anglées". "C'est assez frustrant. Ca contribue à donner l'impression que le journaliste est juste un passe-plat", regrette-t-elle.
Par ailleurs, Nathalie Saint-Cricq révèle que le son du micro des journalistes était volontairement bas. "Le réalisateur a baissé notre son pour ne pas ajouter à la cacophonie. On a l'air de dormir, Jaku et moi. Mais c'est l'émission de Le Pen et de Macron", raconte celle qui compare ce débat à... Roland-Garros ! "Je regarde à droite et à gauche : quand je veux les interrompre, ils n'obéissent pas ; et si je veux rectifier un propos, les règles de neutralité m'en empêchent", explique-t-elle.
"Quand elle l'accuse d'être 'proche de l'UOIF', j'ai envie de préciser ce qu'est l'Union des organisations islamiques de France, mais si je précise qu'elle est proche des Frères musulmans - ce que sous-entend Le Pen -, je me mets de son côté à elle. Donc je ne dis rien. Et donc j'ai le sentiment de ne servir à rien. Sommes-nous trop absents, très ORTF ? Peut-être. Le CSA et les chaînes devraient évoluer vers plus de souplesse", estime la journaliste qui, malgré les parodies, notamment "une photo qui passe en boucle où je fais une tête de citrouille déprimée", a "vécu un moment génial dont (elle se souviendra) toute (sa) vie".