Élise Lucet, Tristan Waleckx, Carole Gaessler... mais pas Anne-Sophie Lapix. À l'heure où la suppression de la redevance est plus que jamais d'actualité - le débat à l'Assemblée nationale débutera ce jeudi - les incarnations des émissions d'information de France Télévisions ont pris position, dans un clip diffusé hier soir sur les réseaux sociaux, pour "un financement pérenne et indépendant pour le service public audiovisuel".
À la pointe de ce combat pour l'indépendance, Élise Lucet et Tristan Waleckx, qui ont porté à bout de bras l'investigation dans "Cash investigation", "Envoyé spécial" et "Complément d'enquête". "Si vous n'étiez pas sur le service public, est-ce que vous auriez pu voir une enquête sur Lidl, Coca Cola ou encore McDo ?", s'interroge ainsi Élise Lucet. "On diffuse des enquêtes qui mettent en cause tous les pouvoirs, qu'ils soient économiques, médiatiques ou encore politiques", lui emboîte le pas Tristan Waleckx, dont son émission "Complément d'enquête" s'est intéressée cette saison à des personnages comme "Mimi Marchand, l'influente de la République" ou "Patrick Poivre d'Arvor, l'intouchable" et a contribué aux révélations des affaires Balkany, Bygmalyon et Cahuzac.
Le présentateur des "20 Heures" de France 2 le week-end, Laurent Delahousse, lui, interpelle directement les téléspectateurs : "Réfléchissez juste une seconde, vous dire voilà, moi, mon programme télé préféré c'est lequel ? Quelle émission culturelle j'aime regarder ? Celle de grands reportages ?" Quand son homologue du "13 Heures" semaine, Julian Bugier se souvient avec gourmandise des émissions de Bernard Pivot et de Jacques Chancel. "Apostrophes" et "Le grand échiquier", récemment remis au goût du jour sur France 2 d'abord et aujourd'hui sur France 3, sont nées sur le service public.
Carole Gaessler finit par mettre les pieds dans le plat en pointant le réel enjeu du moment : "Nous avons besoin d'un financement pérenne et garanti dans le temps". "La redevance nous permet d'être ici sur le Tour de France", la rejoint le journaliste sportif de France Télévisions, Laurent Luyat. "Et ce pour seulement 38 centimes par jour, parce que c'est le coût de la redevance. 38 centimes, c'est-à-dire même pas le prix de la moitié d'une baguette", insiste Francis Letellier. puremedias.com vous propose de visionner ce clip.
Promise par Emmanuel Macron pendant sa campagne, la suppression de la redevance donne lieu à un bras de fer particulièrement musclé ces dernières semaines. Certaines voix, politiques, syndicales et médiatiques, voient dans la disparition du premier financement de l'audiovisuel public une rupture de son indépendance.
"C'était un financement fléché vers le secteur public de l'audiovisuel (France Télévisions, Radio France, Arte France, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel ainsi que TV5 Monde, ndlr). Demain, cela peut par exemple être remplacé par un budget décidé par le pouvoir politique et qui peut varier. Cela risque de mettre à mal l'indépendance de ce secteur public", redoute ainsi Samuel Etienne. Et Tristan Waleckx de s'interroger pour finir : "Que se passera-t-il demain si les personnes sur lesquelles on enquête sont aussi celles qui fixent notre budget ?".
Pour l'heure, le gouvernement songe à remplacer la redevance audiovisuelle par une fraction de la TVA pour un montant identique de 3,7 milliards d'euros à compter du 1er août 2022. "Une ressource tout sauf pérenne", lui opposait, mardi sur Twitter, l'économiste spécialisée des médias, Julia Cagé. Une grève massivement suivie dont le motif était de s'opposer à la suppression de la redevance avait été organisée le 28 juin dernier dans l'audiovisuel public.