C'est l'histoire d'un incroyable raté technique. Le 3 novembre dernier à Cannes, Nicolas Sarkozy et Barack Obama s'entretiennent en aparté, juste avant une conférence de presse commune. Aucun journaliste n'est présent pour entendre leur échange. Mais grâce aux micros, leurs propos vont être captés à leur insu. Equipés de boitiers pour la traduction du discours qui doit suivre, les journalistes ne disposent pas encore du casque nécessaire à l'écoute.
"On m'a dit qu'on ne me donnait pas de casque tout de suite afin que je n'entende pas la rencontre des deux présidents" raconte un journaliste présent sur place à notre confrère du Figaro. Curieux, plusieurs d'entre eux branchent un casque standard sur le boîtier fourni par les organisateurs de l'Elysée. Et entendent alors la conversation secrète, aujourd'hui relayée par le site Arrêt sur images.
Que disaient-ils à huit clos ? Dans un premier temps, Barack Obama reproche à Nicolas Sarkozy de ne pas l'avoir prévenu qu'il allait voter en faveur de l'adhésion de la Palestine à l'Unesco. Puis les deux Chefs d'Etat évoquent le cas de Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien. Loin des caméras, ils abandonnent alors le traditionnel langage convenu. "Je ne peux plus le voir, c'est un menteur" aurait lâché Sarkozy. Obama lui rétorque : "Tu en as marre de lui, mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours !".
Ces propos, entendus par plusieurs journalistes font rapidement le tour de la salle de presse. Mais ceux dans la confidence décident de ne pas les relayer dans leurs médias respectifs, ils restent donc secrets pendant plusieurs jours. C'est le site Arrêt sur images qui casse le off de cet échange grâce au témoignage de plusieurs journalistes présents sur place. Le scoop est repris par certaines radios ce matin et des agences de presse, l'AFP et Reuters.
"Les journalistes d'agence étaient gênés, rapporte un témoin au Figaro.fr. On s'est tous dit qu'il fallait être prudent pour protéger les gens de l'Elysée avec lesquels on travaille au quotidien et surtout du fait de la nature des propos qui est explosive". Fallait-il alors casser ce off et porter à la connaissance du grand public cet échange ? Les avis divergent. Arnaud Leparmentier, journaliste au Monde, l'avait évoqué sur son blog, sans en préciser le contenu. Il lâche aujourd'hui sur son compte Twitter : "Arrêt sur images, officine de blanchiment d'informations. Pas glorieux pour la profession mais utile". Chacun appréciera.