La guerre à couteaux tirés que se livrent les groupes TF1, NextRadioTV et Canal+ dans le dossier LCI continue. Lors de son audition au CSA le 7 mai dernier, Nonce Paolini, le PDG de la Une, avait notamment attaqué à de nombreuses reprises Alain Weill, le patron de NextRadioTV, propriétaire de BFMTV. Ce dernier, tout comme Bertrand Méheut, le PDG de Canal+ (i-Télé) avait tenu à répondre à Nonce Paolini dans la presse et devant le CSA, expliquant notamment que le passage en gratuit de LCI renforcerait la position dominante de TF1 sur le marché de l'information et celui de la publicité.
Interrogé hier par Le Figaro, Nonce Paolini a vivement réagi à cette dernière mise en cause. "Je suis triste de voir des professionnels aussi aguerris raconter autant de contre-vérités ! D'abord, nous ne sommes pas dominants sur le marché de l'information. Alain Weill et Bertrand Meheut confondent leadership et domination ! Ce n'est pas parce que vous êtes le meilleur que vous êtes dominant ! Tous les jours, il y a 14 journaux télévisés sur toutes les chaînes de télévision généralistes dont deux pour TF1. On ne peut pas appeler cela de la domination. Si les deux JT de TF1 sont les plus regardés, c'est parce qu'ils sont excellents. TF1 n'oblige personne à venir les suivre. Si nous sommes meilleurs que les autres, je ne vois pas pourquoi nous en serions pénalisés" a-t-il tranché.
A en croire le PDG, TF1 n'est pas non plus en position dominante sur le marché publicitaire. "J'aimerais bien, mais ce n'est plus le cas. Nous avons 43 % du marché publicitaire brut toutes chaînes confondues. J'ajoute que TMC et NT1 ont aujourd'hui encore une régie séparée de celle de TF1. Abuser d'une position dominante consiste à empêcher l'arrivée de nouveaux entrants et à assécher le marché. Mais qui a perdu 400 millions d'euros de chiffre d'affaires depuis 2007 ? C'est TF1 ! Qui a vu croître de façon spectaculaire son chiffre d'affaires ? Ce sont BFMTV et D8, D17 qui appartiennent au groupe Canal+ et toutes les autres chaînes de la TNT. TF1 ne fait pas le marché". Et Nonce Paolini d'attaquer de nouveau ses concurrents : "Je trouve choquant que de grands professionnels comme mes concurrents racontent des balivernes au CSA pour protéger leurs confortables situations".
Le patron de la filiale de Bouygues a de nouveau pris personnellement pour cible Alain Weill. Alors que notre confrère lui demandait s'il ne faisait pas du "chantage à l'emploi" en annonçant la fermeture de LCI si elle ne passe pas sur la TNT gratuite, Nonce Paolini a une nouvelle fois fustigé le patron de BFMTV.
"C'est Alain Weill qui fait du chantage à l'emploi en menaçant de licencier chez BFMTV si LCI passait en gratuit, après avoir menacé il y a trois ans de vendre son groupe aux Allemands. Quand une chaîne de plus de 240 personnes équivalent temps plein dont 100 cartes de presse (les chiffres d'emploi de LCI avancés par le groupe TF1, ndlr) n'a plus de recettes, son activité cesse et l'emploi disparaît. Je n'ai pas les moyens de reclasser ces personnes dans le groupe". Avant d'attaquer de nouveau : "Certains se battent pour leur profit, moi je me bats pour les collaborateurs et pour donner gratuitement au public une autre façon de comprendre l'information".