L'abandon du projet de fusion entre TF1 et M6, officialisé vendredi dernier au soir, n'est pas qu'une mauvaise nouvelle pour les deux principaux groupes privés français. Car cette opération d'envergure, destinée à rivaliser avec de meilleures armes financières face aux plateformes internationales, était aussi attendue de pied ferme et défendue par deux groupes concurrents, l'un public, l'autre privé. "Si TF1 et M6 pensent devoir fusionner pour rester en bonne santé, c'est important qu'ils le fassent", avait ainsi déclaré en janvier dernier Delphine Ernotte Cunci, la patronne de France Télévisions, devant la commission d'enquête sénatoriale dédiée à la concentration des médias en France.
Deux mois plus tard, dans un communiqué co-signé par France Télévisions, M6 et TF1, les deux groupes privés avaient constaté la volonté du service public de "céder sa participation dans Salto (...) détenu à parts égales par France Télévisions, TF1 et M6". La "valeur définitive" des 33,33% de participation de France Télé était même estimée à 45 millions d'euros. Une fois séparés du groupe public au 1er janvier 2023, TF1 et M6 avaient pour ambition de "développer un projet de streaming" aux contours encore flous.
La fusion ayant été annulée, France Télévisions devra renoncer à ses 45 millions d'euros et restera donc un acteur de Salto. C'est ce que Delphine Ernotte Cunci avait confié à quelques journalistes à l'issue de la conférence de presse de rentrée de France Télévisions en juillet dernier en évoquant ce scénario. Le service public continuera à développer son offre numérique sur la plateforme france.tv. Et rien ne l'empêchera de réitérer sa volonté de se retirer de Salto en cas de rachat effectif du groupe M6 par un autre acteur du marché. Mais le timing pour la vente de M6 est serré : le renouvellement de sa fréquence doit intervenir au printemps 2023 et il lui sera ensuite impossible d'être vendue pendant une période de cinq ans.
Du côté du groupe Altice, dont le vaisseau amiral sur la TNT est la chaîne info BFMTV, l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) avait donné son feu vert au mois de juillet au rachat des chaînes TFX (canal 11) et 6ter (canal 22) par le groupe dirigé par Arthur Dreyfuss. "Demain, le canal 11, repris par Altice Média, sera le meilleur numéro du groupe. ll sera une vitrine vers l'univers RMC-BFM", s'était enthousiasmé le grand patron lors d'une audition à l'Arcom.
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Ce rachat n'est désormais plus d'actualité. A moins que le groupe Altice ne revienne dans la partie... en se positionnant de nouveau pour le rachat du groupe M6. Une hypothèse sérieuse selon le président-fondateur de NPA Conseil, Philippe Bailly, qui a souligné ce matin sur BFM Business la bonne connaissance de ce dossier acquise par Altice à l'occasion de ses récentes auditions devant l'Arcom et l'Autorité de la concurrence. Mais d'autres repreneurs sont eux aussi sur les rangs.