Le trio se ferait bientôt duo. Hier dans un communiqué commun, TF1 et M6 se sont engagés à racheter les parts de France Télévisions dans Salto si, et seulement si, leur projet de fusion est validé par les autorités de régulation. Les deux groupes privés acquerraient ainsi les 33,3% du capital du groupe public, pour une valeur de 45 millions d'euros. Actuellement détenu à parts égales par TF1, France Télévisions et M6, Salto est donc valorisé 135 millions d'euros.
Cette annonce n'est pas véritablement une surprise puisque ce scénario avait déjà été publiquement évoqué par les dirigeants des trois groupes. En novembre 2021, Delphine Ernotte n'avait ainsi pas caché réfléchir à la revente de ses parts en cas de fusion entre TF1 et M6. Elle avait aussi affirmé son souhait de voir sa plateforme maison, france.tv, devenir "le leader incontesté du streaming gratuit en France", et appelé à la création prochaine "d'un grand portail commun à tout l'audiovisuel public".
"Nous serons prêts à imaginer une solution intelligente pour permettre à France Télévisions de sortir de Salto si ce dernier désir sortir", avait pour sa part assuré en février dernier au "Figaro" Gilles Pélisson, le patron de TF1. Son homologue chez M6, Nicolas de Tavernost, déclarait quant à lui dès janvier, lors d'une audition au Sénat, être "ouvert" à une sortie du capital de France Télévisions.
De fait, le groupe de Delphine Ernotte se serait retrouvé minoritaire chez Salto en cas de fusion entre TF1 et M6, alors que le principe paritaire guide depuis le début cette alliance inédite entre trois groupes audiovisuels historiquement concurrents. En restant seuls aux commandes, TF1 et M6 espèrent pouvoir accélérer dans le streaming, disposant avec Salto d'un outil déjà pleinement opérationnel. De son côté, France Télévisions aura les coudées franches pour développer son offre concurrente de service public. La clarification actionnariale prévues semble donc arranger les trois acteurs.
Lancé en octobre 2020, Salto n'a pas la partie facile sur un marché de la SVOD ultra-concurrentiel et dominé par des géants américains aux moyens colossaux. Après une première année difficile, la plateforme disposerait d'environ 500.000 abonnés payants, ses dirigeants se refusant toujours à communiquer le moindre chiffre. S'il devrait contribuer à simplifier son pilotage et son positionnement, le départ de France Télévisions va cependant amputer Salto d'une partie de son offre de contenus, son principal talon d'Achille depuis son lancement. Charge pour TF1 et M6 d'amortir cet appauvrissement annoncé, sur un marché où plus que jamais, le contenu est roi.