Alors que le budget prévisionnel de France Télévisions prévoit 425 millions d'euros de recettes publicitaires en 2012, le groupe audiovisuel public accuse un sérieux retard sur ses projections. "Au cours des cinq premiers mois de l'année, ces recettes accusent un retard de 30 millions d'euros en raison notamment d'un marché difficile" et d'audiences en baisse, indiquent nos confrères des Echos. Au final, le groupe s'attend à des recettes de l'ordre de 380 à 390 millions d'euros sur l'année.
Du coup, France Télévisions réduit ses coûts de fonctionnement, aussi bien dans l'administratif qu'aux programmes où les budgets devraient être rognés d'au moins 10% à la rentrée. "Pour l'instant, il ne s'agit que de mesures conjoncturelles. A ce stade, France Télévisions n'envisage pas de plan plus lourd comportant des mesures structurelles", écrivent Les Echos.
Ce manque à gagner est inquiétant à plus d'un titre. En effet, alors que France Télévisions ne parvient pas à tenir ses objectifs publicitaires cette année (comme l'an dernier), ces derniers seront encore plus élevés ces prochaines années alors que le marché publicitaire, déjà atone, va être de plus en plus disputé. En effet, six nouvelles chaînes gratuites verront le jour sur la TNT au dernier trimestre 2012. Dans ce contexte, il semble difficile voire impossible pour France Télévisions de tenir ses objectifs : 434 millions d'euros de recettes publicitaires en 2013, 442 millions en 2014 et 450 millions en 2015, année qui doit, normalement, voir la publicité s'éteindre définitivement sur les écrans publics.
Enfin, le financement de France Télévisions par l'Etat lui-même paraît incertain pour les années à venir. Depuis l'arrêt partiel de la publicité, le groupe audiovisuel est financé par la redevance bien sûr, mais aussi par une taxe sur les opérateurs télécom (400 millions d'euros annuels). Or, selon la Commission européenne, cette taxe mise en place sous la présidence de Nicolas Sarkozy est illégale. Dans les prochains mois, la France devrait donc la supprimer.
Deux pistes sont étudiées par le nouveau gouvernement pour compenser ces différents manque à gagner : le rétablissement de la rédevance sur les résidences secondaires, mais aussi le rétablissement d'une coupure publicitaire avant les programmes de première partie de soirée qui pourrait rapporter 200 millions d'euros par an à France Télévisions. Selon Télérama, la nouvelle ministre de la Culture aurait toutefois exclu cette hypothèse. Rappelons enfin que le candidat à la présidentielle François Hollande avait prévenu qu'en cas de victoire, la publicité entre 6 et 20 Heures serait maintenue sur France Télévisions.