Fatiguée, elle ? Jamais ! Depuis la rentrée, Audrey Crespo-Mara est l'une des journalistes les plus occupées de la place de Paris. Chaque matin, elle enchaîne ainsi l'interview politique d'Europe 1 à 8h15, écoutée quotidiennement par 1,06 million de personnes, et une tranche quotidienne entre 10h et midi sur LCI, dont l'audience progresse depuis la rentrée. À cela s'ajoute les remplacements d'Anne-Claire Coudray à la tête des journaux du week-end de TF1.
Après trois mois à tenir cette folle cadence, la journaliste de 42 ans ne laisse apparaître aucun signe d'épuisement. "Me lever à 4h30, ça n'a rien de nouveau pour moi. Je me levais même encore plus tôt lorsque je faisais la matinale de LCI en 2007, et mes enfants n'avaient que 2 ans et 5 ans. Et jusqu'à l'année dernière, je faisais une interview politique quasiment à la même heure sur LCI...", confie-t-elle. Quant à son acclimatation au média radio, qu'elle a découvert en rejoignant Europe 1, Audrey Crespo-Mara élude : "Laurent Guimier et Donat Vidal-Revel (directeur délégué à l'information d'Europe 1, ndlr) m'ont demandé d'être la même que sur LCI. La forme est différente, l'interview plus courte donc plus punchy, mais l'exercice en soi reste le même", explique celle qui est avant tout un pur produit de la maison TF1.
"C'est ici que j'ai grandi ! Je suis entrée dans ce groupe en 1999, à la sortie de l'école, ça fait presque vingt ans...", se remémore-t-elle. Malgré son arrivée sur Europe 1, Fabien Namias, directeur général de LCI, et Thierry Thuillier, patron de l'info de TF1, ont choisi de continuer à miser sur elle. "Quand j'ai reçu la proposition d'Europe 1, ils n'ont pas essayé de me dissuader, ils savaient que c'était une très belle proposition que je crevais d'envie d'accepter. C'était pour moi un honneur et un défi d'occuper le siège historique de Jean-Pierre Elkabbach. La seule condition qu'ils m'ont imposée, c'était de rester une figure de TF1", raconte-t-elle. La question ne s'est d'ailleurs pas posée. "Je n'avais aucune envie de quitter le groupe. Et si j'avais été contrainte de faire un choix, je serais restée à LCI et TF1", admet-elle.
Finalement, Audrey Crespo-Mara a donc pu se partager entre Europe 1 et LCI, où Fabien Namias lui a demandé de "faire une émission qui lui ressemble à 100%". Le résultat, à l'antenne depuis le 28 août, s'appelle "Audrey&Co". "Après le journal télévisé et l'interview politique, je voulais faire un talk-show, animer une émission de bande !", raconte celle qui a composé elle-même l'équipe qui travaille en plateau et dans l'ombre avec elle.
Vendredi dernier, Audrey Crespo-Mara a accepté que puremedias.com la suive durant toute une matinée. Les circonstances étaient particulières puisque nous étions à la veille de la quatrième journée de mobilisation, dite "acte IV", des Gilets jaunes. En conséquence, comme c'est le cas quotidiennement depuis mi-novembre, le conducteur d'"Audrey And Co" a été bouleversé.
7h00 : Lorsque nous arrivons dans les nouveaux locaux d'Europe 1 dans le XVe arrondissement, nous retrouvons Audrey Crespo-Mara installée dans le bureau de Nikos Aliagas. Tous les matins, l'anchorman, qu'elle connaissait un peu avant d'arriver à Europe 1, lui prête son petit bureau niché au coeur de la rédaction et situé juste en face du studio Jean-Luc Lagardère, où est réalisée la matinale. Surligneur à la main, la journaliste relit attentivement son interview, préparée jusqu'au matin-même. "Je n'arrive jamais avec une feuille blanche. Je commence à préparer l'interview la veille, de l'après-midi au soir, en parallèle de l'émission de LCI", nous explique-t-elle avant de replonger dans ses notes.
8h10 : La journaliste s'installe en studio aux côtés de Nikos Aliagas et Céline Da Costa. L'invité du jour, Jean-Christophe Lagarde, s'assoit face à elle. L'entretien dure quelques minutes et s'achève par une annonce, le graal pour les intervieweurs politiques. Le patron de l'UDI officialise la constitution, par son parti, d'une liste pour les européennes. Après l'entretien, la journaliste est satisfaite. Mais pas question de s'attarder. Après une bise à Nikos et Laurent Guimier, venu saluer l'invité du jour, la journaliste enfile déjà son manteau. "Lundi, on a qui ? Raffarin ? Bon, on verra comment ça se passe ce week-end...", lance-t-elle à Isabelle Moureaux, sa fidèle programmatrice venue de LCI et qui l'a suivie à Europe 1.
8h30 : Direction Boulogne - Billancourt. Casque sur la tête, installée à l'arrière du moto-taxi qui l'emmène à LCI, l'intervieweuse a le téléphone vissé à l'oreille. Elle tente de pallier le désistement de dernière minute d'un député. À un feu rouge situé sur le (court) trajet entre les locaux d'Europe 1 et ceux du groupe TF1, elle nous crie tout sourire : "C'est bon, j'ai trouvé un autre invité !". Moins de dix minutes plus tard, nous posons le pied devant l'imposante tour TF1. Il s'est écoulé à peine un quart d'heure depuis son passage à l'antenne sur Europe 1. Un souvenir déjà presque lointain pour la journaliste qui s'engouffre dans les couloirs de la rédaction et file au maquillage, où elle retrouve Monia Kashmire, la chroniqueuse qu'elle a découvert chez un certain Thierry Ardisson.
9h00 : Alors qu'au détour d'un couloir, nous croisons Pascale de La Tour du Pin, qui vient tout juste de rendre l'antenne, Audrey Crespo-Mara file à son bureau. Là, elle retrouve sa bande de l'antenne et son équipe de l'ombre, emmenée par Audrey Chabaille, la chef d'édition d'"Audrey And Co". Formée depuis moins de trois mois, la petite équipe semble s'être apprivoisée. "Nous nous parlons constamment. L'après-midi, je produis 'Audrey&Co' , chez moi, en restant connectée avec toute l'équipe, dispatchée, grâce à un réseau Whatsapp. On y plaisante beaucoup aussi !", nous explique Audrey Crespo-Mara, tandis que débarque Gérald Kierzek, le médecin et trublion de la bande qui rentre tout juste de sa garde nocturne à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu. "Moi, je n'ai rien à préparer ! Je suis le plus fainéant de la bande !", claironne-t-il, avant que l'animatrice ne l'interpelle : "Gégé, sur l'acte IV des Gilets jaunes, tu pourras nous dire quelque chose sur la préparation des hôpitaux ?".
9h45 : En régie, la meneuse d'"Audrey And Co" retrouve Fabien Namias, le directeur de la chaîne. "Nadine Morano me dit qu'elle peut venir", annonce-t-elle à son patron. "Top ! Elle peut intervenir après le discours de Castaner", lui répond ce dernier. Sur l'antenne de LCI, Roselyne Bachelot discute par téléphone avec un Gilet jaune. Audrey lui succède en plateau quelques minutes plus tard. La bande ne tarde pas à s'installer autour d'elle pour commencer l'émission. S'y ajoute le Gilet jaune Christophe Chalençon et Frantz-Olivier Giesbert, éditorialiste récurrent d'"Audrey And Co". Ils seront rejoints un peu plus tard en plateau par Didier Baichère, député LREM, qui a accepté de venir le matin-même. Sont aussi présents Nadine Morano et un représentant d'un syndicat de lycéens.
10h30 : Si en plateau, l'émission continue comme si de rien n'était, en régie, c'est l'effervescence. Christophe Castaner doit prendre la parole depuis le ministère de l'Intérieur d'un instant à l'autre. "On va passer la pub. On cassera si jamais il commence à parler. Restez vigilants, on peut revenir à tout moment", souffle Audrey Chabaille dans l'oreillette. L'intervention du ministre débutera quelques minutes plus tard pour s'achever vers 11h10. "Beau travail", salue Fabien Namias auprès des équipes en régie après le retour en plateau. Vers 11h45, Marie-Aline Meliyi, animatrice du 12h-14h de LCI, arrive en régie, signe qu'Audrey Crespo-Mara va bientôt devoir rendre l'antenne. Le ton monte entre les invités, mais la journaliste écourte le débat et crie : "STOP !".
12h10 : Après un rapide débrief avec son équipe, Audrey file vers la rédaction de TF1. Là, elle retrouve deux de ses rédacteurs en chef, Anne-Sophie de Kristoffy et Philippe Morand. Les trois passent en revue les sujets en cours de calage pour les JT de TF1 qui seront diffusés les week-end du 28 décembre et 6 janvier prochain et dont elle prendra en charge l'animation. La réunion dure une vingtaine de minutes. Le marathon touche à sa fin pour la journaliste. Après le traditionnel déjeuner de fin de semaine avec son équipe de LCI, elle va enfin pouvoir souffler quelques heures. Tout au long du week-end, elle gardera un oeil sur l'actualité. "On ne va vraiment pouvoir commencer à préparer la journée de lundi qu'à partir de dimanche. Ce qui va se passer demain est tellement imprévisible", nous souffle-t-elle avant de s'éclipser et de s'accorder enfin un peu de temps libre.