Cette semaine, Eric Zemmour est sur la couverture du Nouvel Observateur en compagnie de Dieudonné et Alain Soral. Le titre de la Une : "La Haine. Antisémitisme, racisme... Voyage dans une France xénophobe". "Ces trois individus ont été condamnés par la justice française pour incitation ou provocation à la haine raciale. (...) Alain Soral et Dieudonné collectionnent les condamnations. Eric Zemmour l'a été, lui, en 2011, pour avoir justifié les contrôles au faciès et la discrimination à l'embauche à l'endroit des Noirs et des Arabes", écrit Renaud Dély, le directeur de la rédaction de l'hebdomadaire, pour justifier ce choix.
La réaction du journaliste sur le bras de fer juridique qui oppose Manuel Valls et l'humoriste, dont le Conseil d'Etat a interdit hier soir de se produire au Zénith de Nantes, était attendue. Ce matin, dans sa chronique sur RTL, Eric Zemmour a critiqué la posture du ministre de l'Intérieur. "Elie Semoun peut aller se rhabiller. Dieudonné a trouvé un compère bien plus efficace pour rameuter la foule à ses spectacles. Manuel et Dieudonné ont fait un tabac ! Dieudo remettra sans doute un jour une quenelle d'or au ministre de l'Intérieur", a ironisé d'entrée le polémiste.
Eric Zemmour a pris fait et cause pour Dieudonné, démontant les arguments du Ministre de l'Intérieur : "Valls voulait apparaître comme un républicain impitoyable, un combattant anti-raciste, bref un homme de gauche. Il a seulement oublié que la République, c'était d'abord la liberté d'expression. Ce mélange explosif d'amateurisme, d'obsession de communicant et de partenariat communautarisme avec le CRIF - sans oublier le Conseil d'Etat sommé de renier dans l'urgence toute la tradition libérale du droit public français - révèle le désarroi de la gauche de ses élites politiques, administratives et médiatiques."
Le journaliste a clairement accusé Manuel Valls de renier ses idéaux de gauche : "C'est la gauche qui nous a appris depuis mai 68 qu'il est interdit d'interdire, c'est la gauche artistique qui nous a enseigné qu'il fallait choquer le bourgeois. C'est la gauche anti-raciste qui a fait de la Shoah la religion suprême de la République et en même temps a parlé de 'rafle' à chaque fois qu'une Léonarda était renvoyée dans ses pénates", a-t-il ajouté qualifiant de Dieudonné de "bouffon provocateur" opposé à une "bourgeoisie bien pensante de gauche". Il a dénoncé également une manoeuvre de diversion alors que la politique économique du Gouvernement vire à droite.
Eric Zemmour a estimé que Dieudonné, dont il juge tout de même que les blagues sont "antisémites", est "un client idéal". "Il était grotesque et ridicule de faire de M'bala M'bala un nostalgique du troisième Reich, a-t-il ajouté en direct dans "RTL Matin". Dieudonné (...) reproche aux juifs de vouloir conserver le monopole de la souffrance et de voler aux descendants de l'esclave la primauté du malheur. Cette concurrence victimaire est du même ordre que celle de Christiane Taubira qui a érigé une loi pour dénoncer les traites négrières comme crimes contre l'Humanité (...). Dieudonné est l'enfant, sur le plan politique, qu'Harlem Désir et Christiane Taubira auraient fait ensemble". Eric Zemmour n'a pas hésité à comparer l'humoriste à Olivier Besancenot, l'ex-leader d'extrême gauche. "La gauche veut noyer ce vilain petit carnard qu'elle a enfanté", a conclu le journaliste.