Le message est bel et bien passé. Mardi, l'animatrice d'Europe 1 Emilie Mazoyer avait pris sa direction à témoin en publiant une lettre ouverte sur Twitter pour s'indigner du retour d'un salarié licencié en 2019 pour faute grave et condamné en mars dernier pour harcèlement moral et sexuel sur cinq de ses collègues. Ex-responsable des jeux d'Europe 1 et responsable syndical CFTC, Kamel A. a bénéficié d'une erreur de procédure qui a de facto entraîné l'annulation de son licenciement début décembre. Sa réintégration a été demandée par son syndicat et devait être effective ce mercredi.
"On ne parle jamais à Europe 1 de cet homme qui a harcelé nos collègues. C'est notre secret de famille honteux", pouvait-on lire dans la lettre d'Emilie Mazoyer adressée à la fois à sa direction et à ses collègues et appelant chacun à refuser le retour du salarié. Celui-ci a fait appel de sa condamnation et nie les faits qui lui sont reprochés.
Ce matin, la mobilisation a été au rendez-vous, comme en attestent des photos partagées sur le compte Twitter d'Emilie Mazoyer. Des employés de la station se sont réunis devant les locaux pour réserver un comité d'accueil spécial à Kamel A., à grand renfort de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Europe 1 en colère" ou encore "Solidarité aux victimes". "Le harceleur n'est pas venu. Les victimes ont été rassurées de voir leurs collègues ainsi mobilisés. C'est un succès", a résumé l'animatrice de "Musique !". Selon une information publiée par le site "Arrêt sur images" la veille, "en réaction à la bronca générale", Kamel A. a renoncé à ses mandats syndicaux.
Emilie Mazoyer a également partagé une réponse que lui avait adressé mardi Constance Benqué, présidente de Lagardère News, pôle qui regroupe Europe 1, Virgin Radio, RFM, "Paris Match" et le "JDD". "Je ne peux que comprendre ton initiative", a-t-elle affirmé dès les premières lignes. "Face à cette épreuve, mon soutien sera total et sans faille. Vous pourrez toutes et tous compter sur moi", a ajouté la responsable, affirmant par là-même avoir fait appel de la décision du tribunal administratif de Paris qui a annulé le licenciement du salarié incriminé.
"Le tribunal reproche à Europe 1 l'absence de mention de l'UES (Unité économique et sociale) mais ne remet pas en cause le fond et les faits du dossier", a souligné Constance Benqué à propos de l'erreur qui a permis l'annulation du licenciement.
Et d'ajouter : "K. a fait le choix de demander sa réintégration, alors que certaines de ses victimes ou témoins sont encore présents dans notre entreprise. C'est son droit, mais il n'est pas sans limite et n'efface pas ceux des autres salariés, encore moins ceux des victimes. Ma réponse sera ferme et sans équivoque, ma priorité en tant que présidente d'Europe 1 et du pôle news est notre, votre sécurité". "Comptez sur moi", a ainsi conclu Constance Benqué dans sa réponse argumentée.