L'Inspection du travail a refusé son licenciement. Selon "Le Parisien", Kamel A., un délégué syndical CFTC, en poste depuis près de 15 ans à Europe 1, est renvoyé le 7 mai prochain devant le tribunal correctionnel de Paris pour "harcèlement moral" et "harcèlement sexuel". Entre avril et juillet dernier, cinq femmes ont déposé plainte contre ce responsable des jeux pour des faits qui se seraient déroulés entre le 1er août 2013 et le 3 juillet 2018. Ces victimes supposées sont chef de production programmatrice, chargée des ressources humaines et également secrétaire administrative.
D'après l'avis d'audience que le quotidien francilien a pu consulter, celui qui déteint plusieurs mandats syndicaux au sein du groupe Lagardère est accusé d'avoir insulté une salariée de couleur chargée du planning radio. "Les noirs ne savent rien faire, qu'ils aillent tous mourir avec Ebola", aurait lancé Kamel A. à la plaignante. Le membre du comité d'entreprise aurait également adressé des messages malveillants via des SMS évoquant ses "cendres qu'UPS pouvait rapatrier à Dakar pour 200 euros", selon le document du "Parisien".
Le salarié d'Europe 1 est aussi pointé du doigt pour avoir tenu "de façon répétée des propos à connotation sexuelles" envers une chargée des ressources humaines. "Si tu te penches, je te mets neuf mois", aurait lâché Kamel A. lorsqu'une plaignante était à la photocopieuse. "Je vais tout faire pour que tu aies un CDI et à ce moment-là tu me laisseras te rouler une pelle et faire ce que j'ai envie de faire", aurait-il également déclaré.
Après les dépôts de plaintes, le responsable des jeux de la station a été placé en garde à vue en septembre dernier pendant 34 heures avant de ressortir libre. De son côté, la direction d'Europe 1 a effectué une demande de licenciement pour motif disciplinaire auprès du ministère du Travail, procédure obligatoire pour un responsable syndical. Soutenant Kamel A. depuis le début de l'affaire, l'Inspection du travail a refusé son licenciement. "Les faits ne sont pas établis. L'existence d'un comportement fautif n'est pas établie", a écrit l'inspectrice dans sa décision administrative.
Les dirigeants de la radio du groupe Lagardère compte engager un recours auprès du ministère du Travail, a affirmé l'avocat d'Europe 1, maître Thierry Romand, au "Parisien". "L'inspectrice du travail a pris une décision incompréhensible. C'est une double peine pour ces salariées qui, victimes de harcèlement, sont désormais traitées d'affabulatrices, sans compter qu'elles croisent dans les couloirs le regard moqueur de celui qu'elles ont accusé", a déclaré le conseil de la station.
Pour sa part, le délégué syndical accusé nie l'ensemble des faits qui lui sont reprochés et a même déposé plainte pour "harcèlement moral" et "discrimination". Selon l'Inspection du travail, Kamel A. ferait l'objet d'un "harcèlement discriminatoire" de la part d'Europe 1 en raison de l'exercice "pugnace" de ses mandats syndicaux. Selon l'avocat de Kamel A, la plainte est "antérieure à son renvoi en correctionnelle". Par ailleurs, le conseil estime que la direction de la radio a manipulé certains salariés qui ont porté plainte contre son client.