Dimanche soir, le Festival de Cannes dévoilait son palmarès 2016. Un exercice très encadré puisque seules les équipes des films primés sont appelées à participer à la cérémonie de clôture, ce qui laisse peu de place aux annonces surprise. Il y a eu malgré tout quelques jolis moments d'émotion lors de cette soirée animée par Laurent Lafitte : la joie communicative de la réalisatrice française Houda Benyamina quand elle monte sur scène pour venir chercher la Caméra d'or pour "Divines", les larmes de l'actrice philippine Jaclyn Jose, primée pour "Ma'Rosa" de Brillante Mendoza, et le poing rageur de Ken Loach lorsqu'il a emporté la deuxième Palme d'or de sa longue carrière.
Mais c'est bien sûr Xavier Dolan qui a ému les festivaliers. Le jeune cinéaste québécois de 27 ans espérait la Palme d'or, mais il a dû se contenter du Grand Prix - le deuxième prix le plus important décerné par le jury présidé par George Miller - pour son film "Juste la fin du monde" avec Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Nathalie Baye et Léa Seydoux. Celui qui s'était déjà fait remarquer en recevant en 2014 le prix du jury pour "Mommy", a prévenu d'emblée qu'il aurait du mal à lire son discours écrit pour l'occasion. "Ça va être très difficile", a-t-il averti, après avoir serré très fortement les deux membres du jury venus lui remettre son prix.
"Merci mes amis, ma famille avec qui grâce à Dieu je m'entends beaucoup mieux que mon protagoniste avec la sienne. (...) Merci le jury d'avoir ressenti l'emotion du film", a déclaré Xavier Dolan avant un message plus personnel. "La violence sort parfois comme un cri ou comme un regard qui tue. En partant d'un matériau fort qu'est 'Juste la fin du monde', du grand Jean-Luc Lagarce - que j'espère tellement ne pas avoir déçu, où qu'il soit -, j'ai tenté au mieux d'extraire un film et de raconter l'histoire et les émotions de personnages parfois méchants, parfois criards mais surtout blessés et qui vivent comme tant d'entre nous, comme tant de mères, de frères, de soeurs, dans la peur, dans le manque de confiance, dans l'incertitude d'être aimé. Tout ce qu'on fait dans la vie, on le fait pour être aimé - moi en tout cas oui - et pour être accepté", a t-il ajouté.
"Plus je grandis, plus je réalise qu'il est difficile d'être compris. Et plus paradoxalement je me comprends moi-même et je sais qui je suis", a enchaîné Xavier Dolan avant de rendre un vibrant hommage à son ami François Barbeau, un costumier de théâtre décédé en janvier dernier. "L'émotion ce n'est pas toujours facile de la partager avec les autres", a-t-il ajouté, avant de conclure avec une citation d'Anatole France : "Je préfère la folie des passions à la sagesse de l'indifférence". puremedias.com vous propose de revoir cette séquence.