Xavier Dolan acte sa rupture avec le grand écran. Le cinéaste canadien a annoncé dans une interview accordée au quotidien espagnol El Pais qu'il mettait fin à sa carrière au cinéma. "Je renonce au cinéma et à la réalisation. Je n'ai plus l'envie ni la force pour m'engager deux ans dans un projet et ne presque plus voir personne. J'y mets trop de passion pour en retirer autant de déception", se désole le réalisateur de la récente série "La nuit au Laurier Gaudreault s'est réveillé", diffusée en France sur Canal+ .
"J'en finis par me demander si mon cinéma n'est pas mauvais mais je sais qu'il ne l'est pas", se rassure le réalisateur. Il estime que sa création en cinq épisodes n'a pas été diffusée à sa juste valeur. La diffusion de la série s'était limitée uniquement au Canada, à la France, au Japon et à l'Espagne. "Pourquoi personne d'autre ne l'a achetée ? Parce qu'elle est tournée en français, parce qu'elle n'a que cinq épisodes ?", s'interroge le lauréat du prix du jury du Festival de Cannes en 2014 avec son film "Mommy". Après le lancement de sa mini-série, le Québécois avait annoncé faire une pause dans ses projets, motivé par un "besoin de changement, de silence, de repos et d'intimité". "Je n'ai rien gagné avec cette série. J'ai investi mon salaire dans la production et mon père a dû me prêter de l'argent. C'est un procédé très ingrat, je suis fatigué et découragé. La solution la plus simple, c'est de réaliser des publicités et de me construire une maison à la campagne", a-t-il finalement observé.
Dans une autre interview publiée dans El Mundo , le réalisateur de "Juste la fin du monde" explique que l'état actuel du monde bloque sa créativité. "Je ne comprends pas à quoi ça sert de s'efforcer à raconter des histoires pendant que le monde s'écroule autour de nous. L'art est inutile et se consacrer au cinéma une perte de temps", estime-t-il. "Je réfléchis à ce à quoi consiste mon travail et je me vois écrire, tourner, monter, dans le processus de post-production... Puis je voyage à travers le monde pour raconter ce que j'ai tourné, monté et post-produit... On fait comme si on avait le temps mais s'il y a bien quelque chose que nous n'avons pas, c'est le temps."
Début mai, l'actrice française Adèle Haenel avait annoncé dans "Télérama" son retrait du monde du cinéma. "J'ai décidé de politiser mon arrêt du cinéma pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels et plus généralement, la manière dont ce milieu collabore avec l'ordre mortifère écocide raciste du monde tel qu'il est", expliquait alors la comédienne.
"Face au monopole de la parole et des finances de la bourgeoisie, je n'ai pas d'autres armes que mon corps et mon intégrité. De la cancel culture au sens premier : vous avez l'argent, la force et toute la gloire, vous vous en gargarisez, mais vous ne m'aurez pas comme spectatrice. Je vous annule de mon monde. Je pars, je me mets en grève, je rejoins mes camarades pour qui la recherche du sens et de la dignité prime sur celle de l'argent et du pouvoir", avait-elle indiqué dans son texte.