En décembre 2012, le producteur de cinéma Vincent Maraval secouait le monde du cinéma en publiant une tribune assassine dans Le Monde. Défendant Gérard Depardieu, alors fustigé pour son exil fiscal en Belgique, le producteur dénonçait les salaires trop élevés de l'ensemble des acteurs français et, plus globalement, l'inflation des budgets des films français. Une dérive qui était, selon lui, due au système de financement du cinéma tricolore, rendu possible grâce aux obligations de productions imposées aux chaînes de télévisions. Il accusait ces dernières de ne prendre aucun risque en misant uniquement sur les acteurs les plus bankables.
Une prise de position qui a visiblement agacé Nonce Paolini. Le PDG de TF1 s'est vivement opposé au producteur de "Welcome to New York". "Excusez-moi, mais monsieur Maraval, c'est quand même celui qui a financé l'Astérix que nous avons refusé parce que nous considérions qu'il était trop cher ! Donc moi, quand il vient nous expliquer que c'est à cause des chaînes...", s'agace-t-il dans le livre-enquête "Main basse sur la culture" de Michaël Moreau et Raphael Porier, qui sort demain aux éditions La Découverte.
Le patron de la Une, qui a financé en 2012 la production cinématographique à hauteur de 44 millions d'euros répartis entre 20 longs métrages européens (selon le bilan du CSA), dénonce la dérive budgétaire de "Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté" à laquelle son groupe n'a pas participé. "Il y a des films à très gros budgets que nous avons refusés ! Le dernier Astérix, c'est le service public qui l'a pris, dans des conditions économiques totalement délirantes. Vincent Maraval a quand même trouvé des couillons pour payer 6 millions d'euros deux diffusions ! (Selon le CSA, le groupe public a payé en tout 5,1 millions d'euros pour co-produire et s'assurer les deux premières diffusions en clair, ndlr). Dans des prime-times non pas financés par la pub, mais par vous et moi... Qu'après il vienne faire une tribune pour dire que c'est à cause des chaînes, il se fout du monde !", enrage le dirigeant.
En guise de provocation, Nonce Paolini propose de ne plus financer le cinéma dont il dénonce régulièrement la non rentabilité en raison des audiences déclinantes à la télévision : "Ce débat qui consiste à dire que ceux qui financent, c'est-à-dire nous, sont les coupables, c'est quand même gonflé ! D'ailleurs moi, dans ce cas, j'ai une proposition très simple : on ne finance plus ! On ne finance que ce qu'on a envie de financer ! À un moment donné, on ne peut pas être les couillons de l'histoire !".
Dans sa tribune, Vincent Maraval jugeait les films français "trop chers". "Après les films des studios américains, la France détient le record du monde du coût moyen de production : 5,4 millions d'euros, alors que le coût moyen d'un film indépendant américain tourne autour de 3 millions d'euros" expliquait-il en affirmant par exemple qu'avec 60 millions d'euros de budget le dernier "Astérix" avait le même budget qu'un film de Tim Burton ou que "Populaire" avait coûté, plus cher que "Black Swan" ou "Le Discours d'un roi".
"Sans les obligations légales issues de notre système public de financement, il y a bien longtemps que "Les Experts" et la "Star Ac" auraient réduit à néant les cases "cinéma" des chaînes de télévision", s'agacait-il par ailleurs.