Mercredi 15 août, jour férié, le journal de 13h de France 2 s'intéressait aux "villes à l'arrêt". Un reportage dans lequel un journaliste s'est arrêté dans la ville de Niort, dans les Deux-Sèvres. Si les images diffusées étaient bien réelles, le tableau de la municipalité dépeint par ce reportage a provoqué l'ire des habitants.
Des rues désertes sans âme qui vive, "une inquiétude palpable", une église "où l'on a encore le plus de chance de croiser du monde" : tels ont été les mots utilisés par la rédaction pour décrire le chef-lieu du département des Deux-Sèvres. Fiers de leur ville et prêts à tout pour défendre son image, de nombreux habitants ont exprimé leur indignation sur les réseaux sociaux ou dans les pages du quotidien régional La Nouvelle République. "Les efforts pour attirer les touristes et les entreprises sont anéantis en quelques minutes. En tant que Niortais, j'ai envie de porter plainte pour diffamation", a ainsi menacé un photographe de la région.
Le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie locale, Philippe Dutruc, a d'ailleurs écrit directement au président de la chaîne Rémy Pflimlin, dénonçant les "angles stériles et pathétiques" des reportages de France 2 qui servent "une information trop parisienne bien loin des réalités (des) régions et départements". "Vos confrères de Canal Plus ont déjà brocardé notre chef-lieu comme 'ville inutile, où il n'y a rien à faire' sous couvert d'un humour parfaitement dosé et réussi. Je ne peux malheureusement pas vous adresser les mêmes compliments au terme de ce reportage. Ce dernier sert un angle journalistique si facile qu'il en est suspect. Il laisse à l'ensemble des acteurs économiques locaux qui concourent à dynamiser ce territoire un profond sentiment d'injustice et une seule question : pourquoi Niort ?", s'est-il indigné.
Face à l'ampleur de la polémique, la rédactrice en chef du 13h de France 2, Agnès Molinier, a décidé de présenter ses excuses dans les colonnes de La Nouvelle République. "Je suis profondément désolée que ce sujet ait été mal pris. Si nous avons choqué les gens, ce n'était pas le but. On s'est trompé. Au lieu d'être pris comme 'Le 15 août, c'est mort', cela a été interprété comme 'Niort est une ville fantôme'", a-t-elle déclaré expliquant que la rédaction du journal "ne voulait surtout pas faire le sujet dans la capitale, sous peine d'être taxés de faire du parisianisme et à juste titre".
"Les Guignols de l'Info" s'en étaient déjà pris l'année dernière à la ville de Niort, en déclarant : "On est restés une semaine à Niort et on ne sait toujours pas à quoi ça sert". Mais le ton humoristique de l'émission de Canal+ avait été pris au second degré. "Nous ne sommes pas Canal+ et notre journal, suivi par des personnes en majorité âgées, n'est pas réputé pour faire de l'ironie et du décalé. Il n'y avait donc pas de volonté de notre part de faire dans le second degré. Notre correspondant de Poitiers qui a tourné les images est d'ailleurs très embêté", a quant à elle indiqué Agnès Molinier. L'auteur du sujet, Olivier Darrigrand, a par ailleurs présenté ses excuses sur son compte Twitter : "Sincerement désolé d'avoir contribué a écorner l'image de Niort", a-t-il posté jeudi.